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Après le vote sanction aux municipales, le PS fait son mea culpa

Après la lourde défaite des socialistes aux municipales, François Hollande est pressé de changer sa politique. Les ténors du gouvernement se sont prononcés sur le besoin d'accélérer des réformes ou de changer de cap pour plus de "justice sociale".

"Déroute", "gifle", "punition", "coup de pied aux fesses", "dérouillée", "désaveu", etc. Les unes de la presse, lundi 31 mars, traduisent l'ampleur du revers politique essuyé par le chef de l'État, qui était pour la première fois confronté aux urnes depuis son accession au pouvoir, en mai 2012.

En perdant plus de 155 villes de plus de 9 000 habitants lors de ces municipales, le Parti socialiste a visiblement payé très cher l'échec du gouvernement à redresser économiquement le pays. Les Français ont sanctionné le président Hollande, qui n'a pas réussi à inverser, comme il l'avait promis, la courbe du chômage. Les chiffres du mois de février, dévoilés entre les deux tours des municipales, ont atteint un record avec 3,34 millions demandeurs d'emplois.

Dans leurs analyses à chaud, les ténors de la majorité ont reconnu le vote sanction. "Je le dis sans détour : ce vote est une défaite pour le gouvernement et pour la majorité", a déclaré, dimanche soir à l'issue du second tour, Jean-Marc Ayrault à Matignon, évoquant une responsabilité "collective, et j'y prends toute ma part".

"Nous entendrons le message des électeurs", a déclaré sur TF1 la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, qui a confirmé un prochain geste fiscal pour les ménages les plus modestes. "Il y a des Français qui souffrent" et "il nous faut renouer le dialogue sur un certain nombre de points de notre politique", a-t-elle concédé.

Le ministre du Travail Michel Sapin a en effet reconnu qu'"un certain nombre de nos électeurs [...] se sont mis à payer des impôts sur le revenu alors qu'ils ne payaient pas avant". De son côté, Ségolène Royal, l'ex-candidate PS qui pourrait faire son entrée au gouvernement en cas de remaniement ministériel, a déploré sur FRANCE 2 : "Il y a eu trop d'impôts, les impôts, c'est le degré zéro de la politique".

"Justice sociale"

Alors que la rumeur d'un éventuel remaniement ministériel persistait ce matin, les cadres du PS se sont prononcés sur la nécessité d'améliorer la méthode et d'accélérer des réformes, ou, de façon plus radicale, sur le besoin de "changement de cap" pour davantage de "justice sociale". 

Par ailleurs, quatre courants situés à la gauche du PS, sévères à l'égard du pacte de responsabilité qui prévoit une baisse des charges des entreprises pour favoriser la compétitivité, ont donné rendez-vous aux députés à l'Assemblée nationale lundi pour demander "une réorientation" de la politique menée et aborder la question de la confiance au prochain gouvernement. De leurs côtés, les écologistes, qui ont pris la ville de Grenoble au PS, ont de nouveau mis en garde le gouvernement par la voix de leur secrétaire nationale Emmanuelle Cosse : "Nous avions bien dit que des choses n'allaient pas. Il faut rediscuter les 50 milliards d'économies" sur les dépenses publiques.

Pourtant, rien ne laisse sous-entendre que le chef de l'État a l'intention de changer le fond. Après la défaite du premier tour - largement amplifiée dimanche - l'exécutif avait fait savoir qu'il n'entendait pas bouger d'un iota sur les deux réformes phares du quinquennat : le pacte de responsabilité, sur lequel François Hollande mise beaucoup pour stimuler l'emploi, et les 50 milliards d'économies qu'il entend réaliser d'ici 2017 dans les dépenses publiques.

Avec AFP et Reuters