La Russie a mis la main sur une unité très spéciale de l’armée ukrainienne : les dauphins de combat stationnés en Crimée, d’après l’agence russe Ria Novesti. Kiev n’a pas confirmé ce passage à l’ennemi.
Pour qui nagent les dauphins de combat de Crimée ? Dans le conflit opposant la Russie et l’Ukraine, cette section d’assaut sous-marine est devenue le dernier sujet de spéculation à la mode. L’armée russe aurait, en effet, décidé de se les approprier, a affirmé l’agence russe Ria Novosti, jeudi 27 mars, citant un employé du centre naval de Sebastopol où les cétacées sont entraînés.
Aucune autorité ukrainienne n’a, pourtant, pu confirmer le passage à l’ennemi de ces mammifères. Les informations de Crimée arrivent, en effet, au compte-goutte à Kiev “depuis que la Crimée a été annexé”, souligne le Washington Post. De son côté, la chaîne CNN s’est vu opposer une fin de non-recevoir sur la question par le ministère de la Défense ukrainien qui s’est borné à dire que les informations à ce sujet “sont classifiés”.
C’est dire si la question est sensible pour Kiev. Les dauphins militaires peuvent, en effet, jouer “un rôle crucial”, d’après Ria Novosti, pour protéger les côtes de Crimée. Ils sont entraînés à détecter les mines sous-marines qui échappent aux radars peu efficaces dans des zones très encombrées comme le port de Sebastopol. Ils peuvent aussi se transformer en “dents de la mer” de l’armée et attaquer les nageurs de combat qui auraient réussi à tromper la vigilance des gardes-côtes.
Cette brigade de soldats cétacés est un héritage de la Guerre froide. Elle a été formée par les Soviétiques au début des années 70 et s’est retrouvée sous autorité ukrainienne après l’effondrement de l’URSS. Kiev a alors jugé qu’avec la chute du mur de Berlin la menace occidentale n’était plus suffisamment forte pour justifier de garder des dauphins réservistes prêts au combat. Les mammifères ont donc retrouvé une vie civile et ont participé à des programmes d’aides aux enfants handicapés.
Aide aux enfants handicapés
En proie à des difficultés économiques grandissantes à la fin des années 90, l’Ukraine en a même vendu une partie à l’Iran en 2000. “Nous n’avons plus de médicaments pour les soigner, et sommes à court de nourriture. C’est un budget de plusieurs milliers de dollars par an qu’il nous faudrait, et nous ne l’avons pas”, se désolait, à l’époque, Boris Zhurid, l’entraîneur en chef des cétacés, au quotidien russe Komsomolskaya Pravda. Téhéran s’était montré particulièrement intéressé par des animaux qui avaient été formés pour porter des charges explosives et mener des missions suicides contre des navires de guerre.
Les dauphins de combat semblent être redevenus à la mode en Ukraine en 2011. Une unité d’une dizaine de ces mammifères aurait été remise à l’entraînement, d’après Ria Novosti. Kiev n’a jamais confirmé le retour en mer de ces cétacés tueurs.
Cette brigade animalière n’est, en tout cas, pas unique. Les États-Unis sont l’autre pays à disposer d’une telle arme. Leur programme existe depuis les années 50 et n’a été jamais, quant à lui, interrompu. En 2012, alors que l’Iran menaçait de fermer le détroit d’Hormuz, l’US Navy avait même réfléchi à dépêcher ses dauphins sur place pour localiser les éventuelles mines que Téhéran aurait disposées en mer.