logo

Les syndicats de Caterpillar refusent la proposition du préfet de l'Isère d'organiser en préfecture le référendum à travers lequel tous les salariés de l'entreprise doivent se prononcer sur le plan de fin de conflit signé dimanche à Paris.

AFP - Le préfet de l'Isère a tenté, en vain, de jouer les médiateurs mardi dans le conflit Caterpillar en proposant d'organiser en préfecture le vote des salariés sur le plan de fin de conflit signé à Paris.

"Un référendum ne s'organise pas aussi facilement que ça", a tranché après la rencontre en préfecture Patrick Cohen, élu CGT au comité d'entreprise, reçu dans l'après-midi avec une dizaine de représentants syndicaux.

Le préfet de l'Isère Albert Dupuy avait réuni la presse avant cette réunion pour annoncer sa proposition, destinée à ce que "l'ensemble des salariés puisse s'exprimer".

"Ceux qui sont opposés à ce référendum prennent une responsabilité importante. Parce qu'on peut penser ce qu'on veut de ce dispositif, mais on ne peut pas priver l'ensemble des salariés de s'exprimer de façon objective", avait-il mis en garde, allant dans le sens de la direction, qui veut que les plus de 2.000 salariés isérois du constructeur américain d'engins de chantier soient consultés.

Le groupe, en restructuration, a annoncé mardi à New York revoir en baisse ses objectifs de résultat et de revenus pour l'année, après être tombé dans le rouge au premier trimestre avec une perte nette de 112 millions de dollars.

Interrogée par l'AFP, la direction de Caterpillar avait indiqué dans l'après-midi être "prête à contribuer à la mise en oeuvre apaisée de la consultation de l'ensemble des salariés", sans plus de précision sur sa stratégie face à la résistance des syndicats.

M. Cohen a assuré que la réunion à Bercy, présentée comme "une réunion informelle", s'était révélée un "piège", qui s'est prolongé près de neuf heures, jusqu'à ce que les élus du CE signent, ce que le préfet a démenti évoquant "une absence totale de pression et une absolue neutralité".

Les syndicats et la direction de Caterpillar réunis au ministère de l'Economie avaient annoncé dimanche soir la conclusion d'un plan de fin de conflit devant être soumis par référendum aux salariés avant mercredi.

La direction du constructeur américain d'engins de chantiers s'y engage à assurer la pérennité de ses deux sites isérois, Grenoble et Echirolles. Et confirme que le nombre de suppressions de postes est ramené de 733 à 600.

M. Cohen a de son côté assuré avoir, avec ses collègues élus syndicaux du CE, finalement accepté de signer, car il était "conscient que ce protocole n'avait pas de valeur juridique en l'absence des délégués syndicaux".

Le code du travail prévoit en effet que tout accord d'entreprise est négocié entre l'employeur et les syndicats représentatifs, qui désignent pour cela des délégués.

Ce protocole est une "convention" qui visait à "permettre un retour du dialogue social en définissant un cadre", sans se substituer aux négociations dans le cadre du plan de sauvegarde pour l'emploi, actuellement au point mort, a expliqué un proche du dossier.

Des salariés de Caterpillar, furieux des conditions de l'accord signé à Paris, avaient voté contre ce protocole lors d'une AG mouvementée lundi soir, qualifiée de "pseudo assemblée générale" par un négociateur parisien du plan.

Les syndicats réclament notamment de réduire le nombre de suppressions de postes à 450 de façon à permettre un minimum de licenciements secs.