Trois ans après le début du conflit, la Syrie est un pays ravagé par la guerre. Au fil des mois, des lignes se sont dessinées délimitant les zones contrôlées par le régime ou par les forces rebelles.
Depuis le printemps 2012, l’armée syrienne mène une stratégie de contre-insurrection qui consiste à récupérer ou préserver les territoires qu'elle estime nécessaires pour sa survie. Il en résulte une division territoriale qui reflète plus ou moins la répartition communautaire en Syrie. L’axe décisif n’est plus, comme en temps de paix, la route Damas-Alep, reliant les deux grandes métropoles du pays, mais plutôt celle du littoral vers Damas et ce à plusieurs titres : le régime de Bachar al-Assad veut à tout prix protéger la capitale, cœur du pouvoir, et garantir le ravitaillement par la mer, d'où l'importance des ports de Lattaquié et Tartous (base navale russe). La sécurisation du littoral est également essentielle : il constitue ce qu'on appelle le pays alaouite, berceau de la communauté dont est issue la famille Assad. Maintenir cette région à l'écart des conflits permet au régime d'avoir un réduit où se replier si besoin.
On observe, par ailleurs, que les Kurdes des régions du nord de la Syrie, frontalier de la Turquie, jouissent désormais d'une quasi-autonomie, avec l'accord tacite de Damas, et sont garants de leur propre sécurité
La frontière du nord, qui échappe au contrôle du régime, est une porte d'entrée pour les combattants et les armes. Ceci explique, notamment, la raison pour laquelle l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a établi sa zone d'influence dans le nord-est du pays, principalement dans la ville de Raqqa, devenue son fief.