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En Crimée, les militaires ukrainiens refusent de désarmer

, envoyé spécial en Crimée – En Crimée, les soldats ukrainiens restés loyaux à Kiev subissent la pression du camp pro-russe, qui les poussent à quitter la péninsule. Mercredi, 200 miliciens ont investi le quartier général de la marine ukrainienne.

Au lendemain de la mort d’un soldat ukrainien, abattu lors d’une tentative d’assaut de son unité dans les faubourgs de Simferopol, 200 hommes, vraisemblablement des miliciens d’autodéfense pro-russes, ont fait irruption dans un bâtiment du quartier général de la marine ukrainienne à Sébastopol, mercredi 19 mars.

Les hommes en uniforme militaire non identifié ont entamé des discussions avec des soldats présents sur place, a indiqué un porte-parole de la marine ukrainienne. Dans la matinée, trois drapeaux russes ont été hissés à l’entrée du site.

Le conflit en Crimée est "passé de la phase politique à la phase militaire", avait assuré, la veille, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, en apprenant la mort du soldat ukrainien, tué à Simferopol. La police criméenne avait, peu après, annoncé qu'un paramilitaire pro-russe avait également été tué dans la fusillade.

Humiliation

Les tensions entre militaires ukrainiens et forces pro-russes sont aggravées par la volonté des autorités de Crimée de mettre la main sur tous les équipements militaires actuellement déployés sur son territoire. "Les stocks d’armes, les équipements militaires, les navires … Tout ce qui est en Crimée restera en Crimée et appartiendra à la République de Crimée", a confié à FRANCE 24 le député russe Roman Khudyakov, de passage à Simferopol pour le référendum de sécession.

En d’autres termes, les soldats ukrainiens sont invités à quitter le territoire criméen avec l’humiliation supplémentaire de devoir abandonner leurs armes aux autorités sécessionnistes. La situation est particulièrement compliquée à Sébastopol, où des navires russes bloquent les sorties de la baie de ce port stratégique de la mer Noire. Impossible dans ces conditions, pour la marine ukrainienne, de rejoindre le port d’Odessa sans le feu vert explicite de Moscou.

Malgré la supériorité militaire écrasante des forces russes en Crimée, certains militaires ukrainiens refusent de céder au diktat des nouvelles autorités. "Il est hors de question de partir", a ainsi confié à FRANCE 24 le colonel Igor Vadimovitch, dont la base de Simferopol est encerclée depuis plus de deux semaines. "Je ne peux pas vous dire pour les autres unités, mais ici nous ne rendrons pas les armes et ne quitterons pas notre base".