Quelque 500 migrants originaires d'Afrique subsaharienne ont réussi à pénétrer mardi, depuis le Maroc, dans l'enclave espagnole de Melilla. De nombreuses personnes ont été blessées au cours de cet assaut de clandestins, le plus massif depuis 2005.
Un demi-millier d'immigrants subsahariens ont pénétré, mardi 18 mars, dans l'enclave espagnole de Melilla, franchissant la frontière depuis le Maroc lors de l'assaut le plus massif mené depuis 2005 dans cette ville, débordée par une extrême pression migratoire.
Profitant d'un épais brouillard, plusieurs groupes, environ un millier de personnes au total, sont descendus pendant la nuit des pentes du mont Gurugu, du côté marocain, où les migrants venus d'Afrique subsaharienne ont établi leurs campements, pour certains après un voyage de plusieurs mois, en attendant de pénétrer sur le sol européen.
L'assaut a été lancé peu avant 7 heures GMT contre la triple frontière grillagée, de 7 mètres de haut et 11 kilomètres de long, qui forme un demi-cercle autour de la ville méditerranéenne de Melilla, sur la côte nord du Maroc. "Environ 500 immigrants subsahariens ont réussi à entrer" dans l'enclave, a indiqué le préfet, Abdelmalik el-Barkani, devant la presse. Soit le groupe le plus important depuis 2005, époque des arrivées massives de migrants sur le sol espagnol.
"Assaut violent"
"L'assaut a été violent", a ajouté le préfet, expliquant que les migrants, "en particulier du côté marocain, avaient lancé des pierres, des bâtons et d'autres objets contre les forces de l'ordre".
L'incident a fait de nombreux blessés légers parmi les clandestins, a précisé la préfecture, beaucoup d'entre eux souffrant "de coupures et de contusions". Vingt-neuf personnes ont été soignées dans les services d'urgence du côté espagnol. Les autorités marocaines ont fait état de leur côté de plus de 250 clandestins arrêtés et une trentaine de personnes blessées.
Melilla, l'une des deux enclaves espagnoles dans le nord du Maroc, avec Ceuta, est soumise depuis le début de l'année à un fort regain de pression migratoire. Les deux villes constituent les deux seules frontières terrestres entre l'Afrique et l'Europe, plaçant l'Espagne parmi les pays d'Europe les plus touchés par l'immigration clandestine.
Le 6 février, une tentative d'entrée à Ceuta avait tourné au drame lorsque 15 migrants étaient morts noyés.Le gouvernement espagnol avait alors été vivement critiqué pour la riposte de ses forces de l'ordre, accusées par des témoins d'avoir fait usage de balles en caoutchouc contre les migrants qui essayaient de rejoindre la côte à la nage. Depuis, la Garde civile a reçu pour consigne de ne plus utiliser de balles en caoutchouc pour repousser les assauts dans les deux enclaves.
Centre d'accueil débordé
Parallèlement, les tentatives d'entrée sur le sol espagnol se sont multipliées. Alors que des centaines de migrants ont franchi la frontière à Melilla ces dernières semaines, le centre d'accueil du gouvernement espagnol est aujourd'hui débordé : mardi, après le dernier assaut, ses installations hébergeaient 1 800 personnes pour 480 places. Pour faire face à l'urgence, des tentes de l'armée y ont été installées et de nouvelles étaient en cours de montage.
Mais, selon les autorités espagnoles, de nombreux immigrants attendent actuellement, aux abords de Melilla, de pénétrer dans la ville. "Selon les informations dont nous disposons, d'autres s'approchent" de la frontière, a ajouté Abdelmalik el-Barkani.
Le gouvernement espagnol estime à environ 80 000 le nombre de clandestins qui attendent de pouvoir pénétrer à Ceuta et Melilla. "40 000 personnes attendent au Maroc de pouvoir passer, de façon illégale, en Espagne. Et 40 000 autres à la frontière entre la Mauritanie et le Maroc", avait affirmé le 4 mars le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz.
Depuis les assauts des dernières semaines et la polémique qui a éclaté sur les événements de Ceuta, l'Espagne, rappelée à l'ordre par la Commission européenne pour l'action de ses forces de l'ordre, ne cesse d'en appeler à l'aide de ses partenaires européens pour lutter contre l'immigration clandestine.
Mardi, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'envoi de renforts de police à Melilla. La frontière, un dispositif déjà ultra-sophistiqué, balisé de caméras ultra-sensibles, doit encore une fois être renforcée dans les semaines qui viennent, avec l'installation de nouveaux miradors et d'un grillage "anti-escalade", plus serré.
Avec AFP