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Législatives serbes : victoire massive des conservateurs pro-européens

Le parti de droite pro-européen serbe, le SNS, s'est offert une très large victoire aux élections législatives anticipées organisées dimanche en Serbie. Le futur homme fort du pays, Aleksandar Vucic, a annoncé des "réformes douloureuses".

Un tel score n’avait pas été obtenu à des législatives depuis les 194 sièges remportés par Slobodan Milosevic en 1990. Le Parti serbe du progrès, conservateur pro-européen (SNS), au pouvoir en Serbie, a obtenu près de 50 % des voix aux législatives anticipées de u dimanche 16 mars. Un score qui devrait lui permettre d’occuper environ 160 sièges sur les 250 que compte l’Assemblée nationale serbe.
"Personne n’a jamais vu une telle journée", a déclaré Aleksandar Vucic, vice-Premier ministre sortant et futur Premier ministre, devant ses partisans. "Mon but n’est pas d’être riche, mon but est que le peuple de Serbie vive mieux", a-t-il asséné, avant de poursuivre : "Je suis certain que la Serbie suivra la route de l’Union européenne, sa lutte contre la corruption".
Ce combat, celui contre la corruption, a touché une corde sensible chez de nombreux Serbes. Les arrestations spectaculaires d’hommes d’affaires, aussi riches que douteux, dans le cadre d’actions contre la corruption et le crime organisé a fait bondir la cote de popularité d’Aleksandar Vucic ces derniers mois.
L’homme était, jusqu’en 2008, un farouche adversaire de l'UE et un défenseur passionné de la "Grande Serbie" prônée par les ultranationalistes à la suite de l'éclatement de la Yougoslavie. Il y a six ans, il a rompu avec le Parti radical (nationaliste) et s’est engagé corps et âme dans la cause de l'intégration européenne. Un revirement suspect aux yeux de ses adversaires, qui dénoncent un ralliement purement tactique.
"Réformes douloureuses"
Mais l’idée européenne a indéniablement fait son chemin en Serbie. Le gouvernement sortant a, ainsi, engagé en janvier des négociations d’adhésion à l’Union européenne, peu après la chute du gouvernement de coalition. Ces pourparlers ont été rendus possibles par l’accord historique entérinant la renonciation définitive à son ancienne province du Kosovo, qui a déclaré son indépendance il y a six ans et qui est aujourd’hui reconnu par plus d’une centaine de pays. Le processus d’entrée dans l’UE devrait se prolonger au-delà de 2020, et devrait permettre à la Serbie d’attirer des investisseurs étrangers. Des investissements dont elle manque aujourd’hui cruellement.
Le pays se trouve en effet dans une situation économique préoccupante. Le taux de chômage dépasse les 20 % de la population active, le déficit budgétaire est, pour la quatrième année consécutive, supérieure à 7 % du PIB, et la dette publique en dépasse les 60 %. À la mi-janvier, l'agence de notation Fitch a abaissé la note de la Serbie de "BB+" à "BB-" sanctionnant ainsi les hésitations de l'État à engager des réformes structurelles impopulaires.
Le SNS, qui souhaite s’engager dans de difficiles réformes économiques, a obtenu un scrutin législatif deux ans avant la fin du mandat du Parlement sortant pour affirmer sa majorité. "Des réformes douloureuses sont nécessaires", avait prévenu Aleksandar Vucic avant la tenue du scrutin, promettant une réforme du secteur public et des retraites ainsi que du droit du travail.

Avec AFP et Reuters