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Des prostituées tunisiennes demandent la réouverture d'une maison close à Sousse

La délégation de prostituées, qui a remis mardi une lettre à la vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, explique ne pas vouloir "demander l'aumône" pour vivre.

Les prostituées tunisiennes se mobilisent. Un peu plus d’une centaine d’entre elles a demandé, mardi 11 mars, la réouverture d'une maison close à Sousse, au sud de Tunis, fermée depuis une attaque attribuée à des salafistes, il y a près d'un an et demi. 

Une lettre, signée par 120 prostituées, a été remise par une délégation a été remise à la vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, Meherzia Labidi, issue des rangs du parti islamiste Ennahda.

"Nous savons que l'Etat ne peut pas nous aider matériellement aujourd'hui, parce que la situation économique est très mauvaise. C'est pour cela que nous exigeons la réouverture de la maison close, pour que nous ne demandions pas l'aumône", a expliqué l'une d'elles par téléphone à l'AFP.

"Préserver la dignité de ces citoyennes"

"J'ai rencontré ces citoyennes, j'ai entendu leur plainte, et je vais accompagner leur lettre d'une lettre de ma part en tant que députée (et l'envoyer) au secrétariat d'État à la Femme et au ministère de l'Intérieur, pour voir comment préserver la dignité de ces citoyennes tunisiennes", a déclaré de son côté Meherzia Labidi à la radio privée Mosaïque FM.

Dans une courte vidéo publiée sur le site de la radio, on peut voir la vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante discuter avec trois prostituées au visage flouté. "Ce n'est pas un problème d'emploi ordinaire. Tout comme il y a des gens qui vous disent revenez, ça ne me regarde pas, il y a d'autres qui peuvent dire non, nous ne voulons pas de ce genre de maisons près de chez nous, parce que c'est vraiment un problème social", a-t-elle précisé à ses interlocutrices."Je vais demander aux deux ministères de voir comment vous donner de quoi vivre. Mais que ça rouvre ou pas, c'est du ressort du ministère de l'Intérieur", a-t-elle ajouté aux prostituées qui faisaient valoir que leurs voisins n'avaient pas d'objection à leur présence.

La prostitution strictement encadrée

De nombreuses maisons closes existent en Tunisie, où la prostitution est encadrée par l'État et placées sous le contrôle des services du ministère de la Santé. Les prostituées sont, de ce fait, suivies quotidiennement par les services concernés.

Au lendemain de la révolution de janvier 2011, qui a eu raison du régime du président Zine el-Abidine Ben Ali, des manifestants islamistes avaient réclamé leur fermeture, allant jusqu'à tenter, en février de la même année, d’incendier le principal quartier de prostitution de la capitale.

Avec AFP