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Élection législative : la démocratie version nord-coréenne

Des Nord-Coréens, débordant d’enthousiasme devant les caméras du régime, ont voté ce dimanche lors de l'élection parlementaire. Un scrutin bien peu démocratique qui permet aux autorités de recenser les personnes ayant fui à l'étranger.

Des électeurs "fous de joie". Des centaines de personnes en costume traditionnel sont filmés, dansant et chantant en cercles dans les rues des villes de Corée du Nord. Ces citoyens modèles jouent de la musique en l'honneur de l'homme fort du pays, Kim Jong-un. Ces images de ferveur citoyenne sont retransmises en boucle, dimanche 9 janvier, par la télévision d’État nord-coréenne, alors que la population était invitée à se rendre aux urnes pour l'élection parlementaire.

Il s'agit de la première élection de l'Assemblée suprême du peuple organisée depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-un, après la mort de son père Kim Jong-il en décembre 2011. Comme son père avant lui, Kim se présente dans la circonscription numéro 111, celle du Mont Paektu.

"J'ai donné mon vote, pour preuve de ma loyauté, à notre camarade le leader suprême", s’est réjoui un soldat parmi des centaines d'autres, faisant la queue devant un bureau de vote de la circonscription.

Obligation de voter

Un enthousiasme à la hauteur de l'intense propagande menée de façon plus ou moins subtile par les médias officiels, qui n'ont cessé de rappeler aux citoyens leur devoir : celui d’aller voter. À l’approche du scrutin, les médias ont notamment publié des poèmes à la gloire du régime, à l'exemple de "Flots de l'Émotion et du Bonheur", exprimant, en quelques lignes, la joie intense qui attend l'heureux Nord-coréen une fois son bulletin glissé dans l'urne.

Le jour J, des fonctionnaires chargés de l'organisation de l'élection se sont rendus dans chaque foyer pour s'assurer de la présence ou de l'absence des électeurs inscrits.

Aux yeux des observateurs internationaux, ce scrutin, qualifié de simulacre de pratique démocratique, permet, en réalité, aux autorités de recenser les personnes ayant fui à l'étranger. Tous les citoyens qui ne se présentent pas à leur bureau de vote, sont ainsi, pour les autorités nord-coréennes, présumés coupable de s'être exilés hors du pays.

Officiellement, l’élection doit désigner les membres d’une assemblée qui ne se réunit qu'une ou deux fois par an, afin de voter le budget et entériner les décisions prises par le parti des Travailleurs.

S’abstenir, un acte de trahison

L’organisation même du scrutin est, de plus, verrouillée : un seul candidat, désigné par le parti unique, est autorisé à solliciter les suffrages dans chacune des 687 circonscriptions. Les électeurs n'ont ainsi qu'à choisir entre "oui" et "non". Cependant, comme le note le magazine "The Economist", voter "non", tout comme s’abstenir, serait vu comme un dangereux acte de trahison, les bureaux ne permettant pas de rendre le vote secret. Les bulletins dissidents doivent, en outre, être déposés dans une urne séparée, détaille l'hebdomadaire britannique.

Une méthode pour le moins efficace : lors de la précédente élection, en 2009, le taux de participation avait ainsi atteint, selon les organes officiels, 99,98 %. Aucun électeur n'avait alors voté contre l'un des candidats imposés par le régime.

Ce dimanche, l’élection prenait la même tournure : en début d’après midi (heure de Corée du Nord), l’agence d’État KCNA indiquait que la participation avait déjà atteint 91 %.

Avec AFP