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En dépit du regain de tensions entre l’Otan et la Russie né de la crise ukrainienne, le "Vladivostok", l'un des deux navires vendus aux Russes par la France, a effectué ses premiers essais au large de Saint-Nazaire. Sa livraison est prévue fin 2014.

Il est sorti en mer mais son avenir pose question. L'un des deux navires militaires de type "Mistral", le "Vladivostok", vendus aux Russes par la France en 2011 a effectué ses premiers essais au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), mercredi 5 mars. D’aucuns estiment cependant que la crise ukrainienne pourrait compromettre sa livraison. "Nous n'en sommes pas là", a toutefois précisé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, interrogé sur une éventuelle suspension par Paris de la vente des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) à Moscou.

Un contrat signé est un contrat signé, précise à FRANCE 24 Philippe Migault, spécialiste des questions de défense au sein de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Le moindre retard ou une annulation entraînerait aussitôt des pénalités, sans compter que ces contrats représentent un grand nombre d’emplois à Saint-Nazaire."

Interrogés par l'AFP, plusieurs badauds venus assister aux essais du "Vladivostok" se disaient toutefois "inquiets" à l'idée que le navire puisse être livré aux Russes comme prévu. "La livraison du Mistral n’aurait pas un grand impact sur l’équilibre des forces en mer Noire, indique Philippe Migault. Un porte-helicoptères comme le Mistral n’aurait pas de grande utilité dans la récente opération russe en Crimée, où il s’agissait de se déployer très discrètement."

400 militaires russes attendus à Saint-Nazaire

En dépit du nom "Vladivostok" écrit en caractères cyrilliques sur la coque, le navire n'a pas encore changé de pavillon : seuls un drapeau français et un autre au nom du constructeur STX France flottent au milieu de ses tourelles.

La moitié arrière du bâtiment a été construite par les chantiers russes OSK de Saint-Pétersbourg (Russie), tandis que STX France construisait l'avant pour la Direction des constructions navales (DCNS). Les deux parties ont été assemblées à Saint-Nazaire en juillet 2013. La livraison doit intervenir à la fin de 2014.

Ironie du sort, le second navire qui doit être livré à la Russie à la fin 2016 a été baptisé le "Sebastopol", du nom de la ville de Crimée au cœur de la crise ukrainienne.

Aux termes du contrat entre la marine russe et DCNS, les deux futurs équipages de ces navires, soit 400 marins russes au total, sont attendus fin mai ou début juin à Saint-Nazaire pour y apprendre pendant six mois à manœuvrer les bâtiments. Lors de la signature en juin 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, de ce marché controversé entre un pays de l'Otan et Moscou, le ministre du Commerce extérieur de l'époque, Pierre Lellouche, avait indiqué que son montant était de 1,12 milliard d'euros pour les deux navires.

Une option signée également en juin 2011 pour la construction, cette fois entièrement en Russie mais avec des équipements fournis par l'industrie française, de deux autres navires du même type, n'a pas encore été levée par les Russes. Les responsables de l'industrie de défense russe ont indiqué en octobre 2013 qu'elle n'était "pas caduque", mais qu'elle ne serait examinée qu'après un an d'exploitation du "Vladivostok".

Avec AFP