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À Genève, plusieurs délégués, y compris européens, ont quitté la salle de la conférence de l'ONU sur le racisme lors du discours du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Celui-ci a critiqué le "gouvernement raciste" d'Israël.

Les représentants de l’Union européenne ont quitté la salle de la conférence "Durban II" sur le racisme, qui s'est ouverte ce lundi à Genève, après que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a évoqué un "gouvernement raciste" au sujet d’Israël.

"Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils (les Alliés, NDLR) ont eu recours à l'agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive", a déclaré le président iranien.

"Ils ont envoyé des migrants d'Europe, des États-Unis (...) pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée", a-t-il ajouté.

Les participants à la conférence ont accueilli le discours de façon contrastée. "On entendait à la fois des huées et des applaudissements", relate Christophe Robeet, envoyé spécial de FRANCE 24 à Genève.

Selon lui, "il s'agit d'un scénario catastrophe pour cette conférence qui devait être contre les discriminations et le racisme et qui, aujourd’hui, s'enfonce dans une profonde crise politique".

"Marquer notre désaccord"

Jean-Baptiste Mattei, ambassadeur de France à l’ONU, fait partie des représentants qui ont quitté la salle.

"Nous avions des consignes très strictes : faire en sorte que cette conférence de Durban II ne devienne pas une tribune anti-israélienne (…). Dès lors que le président Ahmadinejad a évoqué Israël et le peuple juif dans les termes que vous connaissez, nous avons décidé collectivement de quitter la salle pour marquer notre désaccord", a-t-il déclaré à FRANCE 24.

"Nous sommes prêts à continuer à travailler au succès de cette conférence, a-t-il ajouté. Si quelqu’un doit en sortir, c’est l’Iran et non l’UE."

Dénonçant la tribune donnée au président iranien, Michel Benami, président du parti centriste israélien Likoud et conseiller du Premier ministre Benyamin Netanyahou, s’est dit honteux, "en tant que citoyen du monde, que l’on entende aujourd’hui (…) ces mêmes propos qui ont été tenus il y a 64 ans par Hitler lui-même".

La conférence était déjà boycottée par les États-Unis, Israël et d’autres pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Canada, l’Italie et l’Allemagne, qui craignaient précisément des dérapages racistes contre l’État hébreu.

Lors de la précédente conférence sur le racisme, organisée à Durban, en Afrique du Sud, les États-Unis et Israël avaient quitté le sommet pour protester contre les tentatives des pays arabes de faire inscrire, dans la déclaration finale, le sionisme comme une forme de racisme.

Cette fois, le projet de texte final ne mentionne ni Israël ni la diffamation des religions, deux "lignes rouges" définies par les Occidentaux. Le document a maintenu, contre l’avis de l’Iran, un paragraphe sur la mémoire de l'Holocauste.