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François Hollande au Nigeria pour parler commerce et sécurité

François Hollande est l'invité d'honneur, jeudi, du centenaire du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique. Ce marché convoité par les entreprises françaises est au carrefour de crises sécuritaires dans lesquelles Paris est directement impliqué.

Accompagné d'environ 25 chefs d'entreprises françaises, François Hollande participera, jeudi 27 février, à un forum économique avec le président nigérian Goodluck Jonathan, à Abuja, la capitale d'un pays qui affiche 7 % de croissance annuelle depuis huit ans.

"Il existe des intérêts français importants au Nigeria, principalement dans le secteur pétrolier," explique Roland Marchal, chercheur au CNRS spécialisé dans les relations internationales en Afrique, sur l'antenne de RFI. "La visite de François Hollande est avant tout une reconnaissance du fait que l'Afrique ne se résume pas à sa partie francophone, et ensuite que les pays les plus prometteurs de la prochaine décennie en termes de croissance économique sur le continent ne sont pas forcément des colonies françaises."

Le Nigeria, peuplé de 169 millions d'habitants, est déjà le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne et Paris, qui s'y approvisionne en pétrole, s'est fixé pour objectif d'éliminer le déficit de sa balance commerciale avec ce pays d'ici 2017.

Le marché nigérian intéresse toute sortes d'entreprises françaises, et pas seulement dans le pétrole, qui ne représente plus aujourd'hui que 15 % du PIB, précise Serge Blanchard d'OCNC consultants, qui aide les sociétés françaises à s'implanter sur place. "Il y a aujourd'hui au Nigeria des sociétés françaises qui font des success stories absolument incroyables", a-t-il déclaré sur RFI. "Moët-Hennessy est une superbe illustration dans le domaine de la grande consommation. Pour l'agroalimentaire, le Nigeria doit être une destination prioritaire."

Le Nigeria est en effet le deuxième pays au monde vers lequel les exportations de champagne français croissent le plus vite. "Ces pays laissent augurer un développement volumique encore plus important dans les prochaines années," notent les producteurs.

Dans les secteurs plus traditionnels des exportations françaises, le groupe français Lafarge est numéro deux du ciment au Nigeria, porté par l'industrie locale du bâtiment. Et le secteur de l'électricité bénéficiera d'un prêt de 170 millions de dollars. Le pays manque en effet cruellement d'électricité, alors qu'il est le premier producteur de pétrole en Afrique. Ce prêt doit être signé par l'Agence française de développement lors de la visite de François Hollande et servira au développement du réseau à Abuja.

La menace Boko Haram

Toutefois, le développement du nord du pays est freiné depuis cinq ans par les affrontements entre les troupes gouvernementales et les islamistes radicaux de Boko Haram. Ses combattants sont accusés d'avoir tué 43 garçons et enlevé plusieurs filles dans un pensionnat de l'État de Yobe mardi 25 février. La secte Boko Haram est également soupçonnée d'avoir enlevé plusieurs Français à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun ces derniers mois.

"Votre combat est aussi le nôtre, et nous serons toujours prêts à vous apporter, non seulement notre soutien politique, mais notre concours chaque fois qu'il sera nécessaire. Parce que le combat contre le terrorisme, c'est aussi celui de la démocratie", a déclaré François Hollande à son arrivée à Abuja.

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Le président Goodluck Jonathan peine à faire face à Boko Haram et à la corruption
François Hollande au Nigeria pour parler commerce et sécurité

Mardi, le ministre de l'Information nigérian Labaran Maku avait déclaré à la télévision nationale : "Je pense que nous avons besoin d'une coopération internationale avec les Français, avec les pays francophones d'Afrique de l'Ouest, de travailler ensemble pour régler ce problème avant qu'il ne devienne un problème majeur pour la France, pour les intérêts occidentaux en Afrique de l'Ouest."

L'appel du ministre place au cœur des préoccupations françaises le conflit avec Boko Haram, parmi les nombreuses crises militaro-religieuses qui déstabilisent l'Afrique du Centre-Ouest.

Au menu des discussions entre François Hollande et Goodluck Jonathan : "Le Mali, où le Nigeria soutient l'opération française, puisqu'il a envoyé 1 000 homme sur place," précise Nicolas Germain, envoyé spécial de FRANCE 24 à Abuja. "Les deux présidents vont également aborder la question de la Centrafrique, qui n'est pas très loin d'ici, juste de l'autre côté du Cameroun, et la piraterie qui est en hausse dans le Golfe de Guinée."

Une quinzaine de chefs d'États africains doivent les rejoindre pour une conférence sur la sécurité et la paix sur le continent.

Une visite éclair de François Hollande est prévue vendredi en Centrafrique, où la France vient de porter l'effectif de la force Sangaris de 1 600 à 2 000 hommes pour tenter de contenir les violences inter-religieuses. Le Parlement français a approuvé mardi une prolongation de l'intervention française, lancée le 5 décembre, au-delà des quatre mois initialement prévus.

Afin de s'assurer les bons offices de la France dans le renforcement de la coopération sécuritaire avec ses alliés traditionnels frontaliers du Nigeria, comme la Cameroun et le Niger, Abuja a mis les petits plats dans les grands. François Hollande, seul dirigeant occidental présent avec le président de la Commission européenne José-Manuel Barroso, est l'invité d'honneur de la cérémonie du centenaire du Nigeria jeudi soir.