Voilà de quoi embarasser davantage Erdogan. Pour la deuxième fois, un enregistrement audio, présenté comme étant celui de la voix du Premier ministre turc a été posté sur YouTube mercredi 26 février. On y entendrait Recep Tayyip Erdogan conseiller à son fils de ne pas accepter une certaine somme d'argent pour la conclusion d'un accord et exiger un montant supérieur.

"N'accepte pas. Quoi qu'il ait promis, il donnera ça. S'il ne donne pas ça, cela ne sert à rien", dit, sur l'enregistrement, la voix présentée comme étant celle d'Erdogan par l'auteur, anonyme, de la mise en ligne. "Les autres vont fournir. Pourquoi ne le pourrait-il pas lui? Ils pensent que cette affaire, c'est quoi ? Mais ne t'inquiète pas, cela va tourner en notre faveur", poursuit la voix.

Lundi soir, un premier enregistrement avait été posté sur le même site, dans lequel une voix, déjà attribuée au chef du gouvernement turc, disait à un interlocuteur présenté comme étant son fils Bilal de faire disparaître de chez lui d'importantes sommes d'argent, alors qu'une enquête pour corruption était en train d'émerger.

Les services du Premier ministre ont alors affirmé qu'il s'agissait d'un faux. Recep Tayyip Erdogan a pour sa part dénoncé une "attaque perfide". Un responsable gouvernemental a indiqué que des vérifications allaient être faites pour déterminer l'authenticité du second enregistrement. Aucune déclaration n'est prévue pour le moment, a-t-on ajouté.

Un scandale embarassant à l'approche des municipales

Ces enregistrements paraissent quasiment en même temps que le lancement officiel par le parti Justice et Développement (AKP), au pouvoir, de la campagne pour les élections municipales fin mars. Ce sont les accusations potentiellement les plus dommageables dans le scandale pour corruption qui a éclaboussé les élites du pays en décembre. Erdogan estime que ce scandale a été monté dans le but de le faire tomber.

Aucun nom de société n'est mentionné dans l'enregistrement diffusé mercredi, mais la voix censée être celle de Bilal Erdogan fait référence à un certain "M. Sitki" et dit que celui-ci ne peut mener à bien une transaction.

Un texte accompagnant l'enregistrement audio YouTube précise qu'il s'agit de Sitki Ayan, le président de la société Turang Transit Tasimacilik, dont le siège est à Istanbul.

Pour l'instant, il n'existe aucun lien connu entre la société Turang ou son président et la famille Erdogan, ils ne sont pas connus. Selon son site web, Turang a obtenu en 2010 une licence pour construire une partie d'un pipeline devant transporter du gaz iranien et turkmène vers l'Europe, via la Turquie.

Elle a reçu en décembre des aides de la part du gouvernement, notamment sous forme d'exemptions fiscales sur ses investissements, à hauteur de 11,5 milliards de livres (3,7 milliards d'euros), selon le site internet du ministère de l'Économie.

Avec Reuters