logo

Javier Bardem sermonne la France et provoque un incident diplomatique avec le Maroc

Le gouvernement marocain a émis des protestations publiques contre la France à deux reprises en quatre jours à la suite de poursuites contre un policier de haut rang et de révélations de l'acteur espagnol Javier Bardem sur la diplomatie française.

ERRATUM : Les propos ci-dessous comparant le Maroc à "une maîtresse" ont été attribués à tort à François Delattre, ambassadeur de France à Washington, dans une première version publiée le 24 février. Nous lui présentons nos excuses, ainsi qu'à nos lecteurs.

Le Maroc a protesté, dimanche 24 février, contre des propos sur le royaume prêtés à un haut diplomate français, qu'il a qualifiés de "scandaleux et inadmissibles", en plein coup de froid diplomatique entre Paris et Rabat autour de plaintes déposées en France contre un responsable des services de sécurité marocains.

Citant l'acteur espagnol Javier Bardem, producteur d'un documentaire sur le Sahara occidental --une ex-colonie espagnole contrôlée par le Maroc mais revendiquée par des indépendantistes--, le quotidien français "Le Monde" a rapporté, jeudi 20 février, des propos prêtés à l'ambassadeur de France aux Nations Unies, Gérard Araud.

"L'ambassadeur de France aux Nations Unies, Gérard Araud, qu'on a rencontré en 2011, nous a dit que le Maroc est une maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre. Autrement dit, on détourne les yeux", a déclaré Javier Bardem lors d’une conférence de presse de présentation du film "Les enfants des nuages, la dernière colonie". L'acteur a ajouté que cette attitude n'était pas "acceptable" de la part d'un "pays pionnier en matière de libertés" comme la France.

Paris est un soutien traditionnel du royaume marocain sur le dossier du Sahara et le Quai d'Orsay a aussitôt catégoriquement démenti, mais le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Khalfi, a fustigé dimanche soir des "mots blessants" et des "expressions humiliantes".

Ces propos sont d'autant plus "scandaleux et inadmissibles" que le Maroc "ne cesse d'oeuvrer pour le renforcement des relations bilatérales", a-t-il ajouté dans un communiqué cité par l'agence de presse MAP.

Rabat "demeure persuadé que la France saura réparer le mal qui a été causé par ces propos", qu'ils "aient été fallacieusement attribués" au diplomate "ou effectivement prononcés", a encore avancé Mustapha Khalfi.

Plainte pour "complicité de torture"

Cette polémique intervient alors que la France et le Maroc, deux proches alliés, connaissent déjà un sérieux coup de froid diplomatique, à la suite de plaintes déposées à Paris contre un haut responsable marocain.

Jeudi 20 février, l’organisation Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (Acat) a saisi l'opportunité de la présence en France du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, pour demander aux autorités d'entendre ce responsable, qu'elle accuse de "complicité de torture".

Dans la foulée, et sans passer par les canaux diplomatiques, sept policiers se sont rendus à la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Paris pour notifier à Abdellatif Hammouchi une convocation émanant d'un juge d'instruction.

Le Maroc a vivement réagi. "Il s'agit d'un incident grave et inédit dans les relations entre les deux pays de nature à porter atteinte au climat de confiance et de respect mutuel qui a, toujours, existé entre le Maroc et la France", a indiqué le ministère des Affaires étrangères marocain dans un communiqué.

L'ambassadeur du Maroc à Paris a précisé à l'agence MAP avoir appris l'existence de la procédure judiciaire engagé par le biais de la presse française.

En réponse, Paris a tenté d'apaiser les tensions et évoqué un "incident regrettable", tout en promettant que "toute la lumière (serait) faite".

Une nouvelle plainte pour "torture" a été annoncée dimanche en France contre le patron du contre-espionnage marocain par l'avocat d'un ancien champion de boxe light-contact, Zakaria Moumni, condamné et détenu pendant 17 mois au Maroc entre 2010 et 2012.

Avec AFP et Reuters