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Les camps du pouvoir et de l'opposition manifestent au Venezuela

Les partisans du gouvernement Maduro et ceux de l'opposition ont défilé dans le calme, samedi, lors de deux marches concurrentes "pour la paix" au Venezuela. Les manifestations ont fait dix morts dans le pays depuis deux semaines.

Après plus de deux semaines de manifestations et une dizaine de morts au Venezuela, des centaines de milliers d’opposants et de partisans du président Nicolas Maduro ont mesuré leurs forces. Deux marches "pour la paix" distinctes ont eu lieu, samedi 22 février, à Caracas et dans plusieurs villes de province. Une étudiante et un jeune employé de supermarché sont décédés au cours des dernières heures lors de ces manifestations.

Dans l'est huppé de Caracas, au moins 50 000 personnes ont répondu à l'appel de l'ancien candidat à la présidentielle Henrique Capriles, principale figure de l'opposition, pour exiger le désarmement de groupes non identifiés mais accusés d'être proches du pouvoir, agissant en marge des manifestations, et contre la mauvaise situation économique.

Pendant ce temps, dans le centre de la capitale, bastion "chaviste" (du nom de l'ancien président Hugo Chavez), des dizaines de milliers de personnes vêtues de rouge et de blanc, tenant des fleurs à la main, participaient à une marche "des femmes pour la paix et pour la vie". Ils dénonçaient la violence et les dommages causés en marge de manifestations étudiantes et opposantes qui se déroulent depuis début févier dans tout le pays, qualifiées par le président socialiste Nicolas Maduro de "coup d'État en cours".

L'opposition derrière les étudiants

Entamé le 4 février dans la ville de San Cristobal (ouest du pays) à la suite de la tentative de viol d'une étudiante sur le campus, le mouvement étudiant s'est étendu à tout le pays. Aux premières revendications sur l'insécurité se sont ajoutées celles contre la vie chère et la mauvaise santé de l'économie, dans le pays disposant des plus importantes réserves de pétrole du monde, mais où l'inflation dépasse les 56 %.

Les revendications étudiantes bénéficient également du soutien de l'opposition au président Maduro, réunie au sein de la coalition de la Table de l'unité démocratique (MUD). Avec son appel à manifester largement suivi, le gouverneur de l'État de Miranda (le plus peuplé du pays), Henrique Capriles, reprend la main sur une opposition qui avait ces dernières semaines laissé le champ libre à ses composantes les plus radicales.

Celles-ci, représentées notamment par Leopoldo Lopez, placé en détention provisoire cette semaine pour dégradations et association de malfaiteurs, prônent l'occupation des rues pour obtenir la chute du gouvernement derrière le mot d'ordre "La Salida" (La sortie).

Selon des chiffres officiels, le bilan de ces manifestations, qui ont parfois dégénéré en affrontements entre groupes radicaux et forces de l'ordre, s'établit à 10 morts, presque 140 blessés (civils et forces de l'ordre) et une centaine d'arrestations.

Maduro tend la main à Washington, qui dénonce les violences

Sur le plan international, Nicolas Maduro a tendu vendredi soir la main aux États-Unis, premier partenaire commercial du Venezuela, invitant le président Barack Obama à dialoguer. Il a également proposer de nommer à nouveau des ambassadeurs entre les deux pays, qui en sont dépourvus depuis 2010, Washington étant régulièrement accusé par Caracas d'alimenter les troubles en sous-main

En réponse, le secrétaire d'État américain John Kerry a critiqué l'usage "inacceptable" de la violence contre les manifestants, ce que Caracas a qualifié "d'appel à attaquer le peuple" vénézuélien.

Avec AFP