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Le centre de Nantes saccagé après la manifestation anti-aéroport

De violents incidents opposant des manifestants hostiles au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et des forces de l’ordre ont fait plusieurs blessés et causé de nombreux dégâts, samedi à Nantes. Le maire de la ville a porté plainte "contre X".

De violents heurts ont opposé, samedi 22 février à Nantes, des manifestants hostiles au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes aux forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Les violences ont fait six blessés parmi les forces de l'ordre, qui ont interpellé quatre personnes, a-t-on appris auprès de la préfecture de Loire-Atlantique.

Dimanche matin, sur tout le parcours emprunté par la manifestation, une journaliste de l'AFP a pu constater les traces laissées dans la ville par les débordements. Plusieurs agents s'activaient à effacer les nombreux tags et peintures sur les façades notamment celle de la mairie. La façade d'une agence Vinci Immobilier, premier lieu saccagé samedi, avait été remplacée par des plaques de bois.

Manuel Valls condamne les violences

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a fermement condamné ces violences les attribuant à "un millier d’individus", des militants de l"ultragauche" et des "black-bloc" anarchistes. "Je déplore que cette manifestation se soit transformée en véritable guérilla urbaine, échappant totalement à ses organisateurs", a-t-il expliqué à la presse.

"Il y avait des individus très violents qui à l'évidence voulaient non seulement saccager la ville, mais voulaient casser du policier et du gendarme", a-t-il ajouté. "Il n'est pas admissible qu'on se livre à de telles exactions et de telles violences. La justice, je n'en doute pas un seul instant, poursuivra ceux qui ont voulu saccager" la ville.

Et de fait, le maire de Nantes Patrick Rimbert (PS) a indiqué dimanche qu'il allait porter plainte "contre X" pour tous les dégâts causés par la manifestation. "Il y a eu un espèce de laisser-aller, quasiment de la complaisance", a-t-il insisté. "Je porterai plainte et j'aiderai les personnes qui ont eu des problèmes à porter plainte, je mettrai à leur disposition un cabinet d'avocat", a-t-il ajouté.

Patrick Rimbert a estimé, en dépit des débordements, que le préfet de Loire-Atlantique avait "mis les forces nécessaires, mais ce qui devait arriver est arrivé. Il y a des blessés mais il n'y a pas mort d'homme: compte tenu de la violence, compte tenu du nombre, je pense que la police a fait vraiment son travail et a essayé de contenir, c'est tout ce qu'on pouvait faire".

"Vinci dégage, Ayrault aussi"

La manifestation avait pourtant commencé samedi après-midi dans une ambiance bon enfant. "Ayraultport non merci", "Non à l'Ayrault porc", "Vinci dégage, Ayrault aussi", "Ni aéroport ni métropole, la ville est à nous" entendait-on dans le cortège, où avaient pris place la députée européenne EELV Eva Joly, le sénateur EELV Jean-Vincent Placé, Christian Troadec, leader des "bonnets rouges" bretons venu "à titre personnel", ou le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon.

Mais lors du défilé, qui a rassemblé des milliers de personnes - 20 000 selon la préfecture, 50 000 selon les organisateurs - des participants ont tiré des projectiles en direction des forces de l'ordre et s'en sont pris à un poste de police, ainsi qu'à une agence du groupe Vinci, concessionnaire du projet d'aéroport. Sur le parcours également, une foreuse a été incendiée, des objets ont été lancés sur les caténaires SNCF afin de bloquer la circulation des trains, a-t-on indiqué de sources policières. Une antenne policière près du lieu d'arrivée de la manifestation a fait l'objet d'une "attaque et d'une tentative d'incendie", selon la même source.

Jean-Marc Ayrault parle de violences "inacceptables"

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, un des principaux promoteurs du projet de Notre-Dames-des-Landes en tant que maire de Nantes jusqu'en 2012, a condamné pour sa part "avec la plus grande fermeté" des violences "inacceptables" que rien ne saurait justifier.

La secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse a de son côté déclaré samedi sur les réseaux sociaux que "EELV condamne fermement les actes de violence à Nantes".

Les manifestants protestent contre la construction d’un aéroport dans le bocage nantais de Notre-Dame-des-Landes. Le projet, reconnu d'utilité publique en 2008, est justifié par ses partisans, du PS comme de l'UMP, par le risque de saturation de l'actuel aéroport de Nantes Atlantique, ainsi que par les entraves qu'il génère sur les constructions du centre de Nantes, soumises au bruit des avions.

Néanmoins, selon un sondage Ifop publié samedi, une majorité de Français (56%) s’y disent opposés.

Avec AFP