logo

Le géant japonais du Web Rakuten a choisi Paris pour son centre de recherche et développement européen. Hiroshi Mikitani, PDG du groupe, explique à FRANCE 24 quelles sont les forces et faiblesses de la France pour attirer les investisseurs étrangers.

Il a fait partie de la trentaine de patrons reçus lundi matin à l’Élysée à l’occasion d’un "conseil de l’attractivité". Hiroshi Mikitani, le patron de Rakuten, géant japonais de l’e-commerce et propriétaire du site français PriceMinister, est actuellement sous le feu des projecteurs médiatiques.

Son groupe vient de faire la une des médias internationaux, après avoir racheté pour 900 millions de dollars la messagerie instantanée Viber. En France, aussi, Rakuten fait parler de lui. Le géant du web vient, en effet, d’annoncer l’ouverture de son premier centre de R&D européen à Paris. Le Rakuten Institute of Technology aura pour objectif de concevoir de nouvelles technologies exploitables par les e-commerçants.

Et investir en France, ça rapporte… au moins une décoration. FRANCE 24 a rencontré Hiroshi Mikitani alors qu’il recevait ses insignes de Chevalier de la Légion d’honneur au ministère des Affaires étrangères. L’occasion pour ce patron d’expliquer pourquoi il mise sur la France.

France 24 : François Hollande a reçu les investisseurs étrangers, vous en faisiez parti. La France est-elle un pays attractif à vos yeux ?

Hiroshi Mikitani : Les investisseurs présents n’ont pas été tendres avec le gouvernement, que ce soit au sujet du mille-feuille administratif, des charges ou de la flexibilité du travail. En ce qui me concerne, ce que j’ai surtout voulu mettre en avant, ce sont les entrepreneurs. La France doit les encourager et ne le fait, à mon sens, pas assez. Les taxes restent globalement trop élevées, et cela risque de décourager les entrepreneurs français et étrangers. L’innovation vient des grands groupes mais aussi et surtout des entrepreneurs. Ils sont essentiels. Il faut les accompagner, créer un écosystème et une fiscalité adaptés, sinon ils iront voir ailleurs.

Vous avez pourtant décidé d’investir en France. Mieux, vous avez choisi Paris pour ouvrir votre centre de R&D européen. Pourquoi ?

Nous étions très sceptiques au début, notamment à cause de l’environnement fiscal… Mais le crédit d’impôt recherche nous a encouragés à venir. Cela nous a aidés à sauter le pas. Sans cela, je pense honnêtement que nous aurions choisi une autre ville, comme Londres ou encore le Luxembourg car les charges y sont moins élevées. Nous voulions aussi être au plus près des ingénieurs diplômés français, car nous avons été surpris par le vivier de talents que nous y avons découvert.

Surpris ? L’image de la France en terme d’innovation est-elle si mauvaise à l’étranger ?

Non pas du tout ! Le talent des ingénieurs français est reconnu à l’étranger. Et là je ne parle pas de programmeurs mais de "super scientifiques", c’est-à-dire des scientifiques de très haut niveau, ayant des compétences ultra-pointues. Mais ils sont rares, très difficile à recruter ! C’est difficile aux États-Unis, c’est difficile au Japon. Nous sommes en concurrence face à Linkedin ou Google. Car à ce niveau de compétence, le recrutement se joue sur la scène internationale. Et finalement, à Paris, nous avons déjà trouvé huit scientifiques de ce calibre, ce qui est énorme, on ne s’y attendait vraiment pas.