Au lendemain de l'annonce de l'envoi de renforts au contingent militaire français déployé en Centrafrique, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a reconnu que l'intervention de la France serait plus longue que prévue.
"Je crois que ça sera plus long que prévu, parce que le niveau de haine et de violence est plus important que celui qu'on imaginait", a déclaré, samedi 15 février, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, au micro de France Inter à propos de l’intervention française en Centrafrique.
Samedi 15 février, à Bangui, les troupes de la coalition internationale ont interpellés une dizaine de membres de la milice majoritairement chrétienne anti-balaka. L'opération a débuté peu avant 6 heures du matin sur un large périmètre du quartier Boy Rabe, fief de la milice dans la capitale centrafricaine.
Elle a mobilisé environ 250 soldats mais n’a pas permis l’arrestation de certains membres très recherchés, notamment Patrice Edouard Ngaissona, qui se présente comme le "coordinateur politique" des anti-balaka.
Une déclaration qui intervient au lendemain de l'annonce de l'envoi de 400 soldats français supplémentaires, ce qui portera à 2 000 les effectifs français déployés dans le pays.
Lors du lancement de l'intervention française, début décembre, le président François Hollande avait pourtant évoqué une opération "rapide".
"Il faut s'adapter"
Mais le ministre a estimé qu’"une opération militaire ne se décrète pas comme du papier à musique, il faut s'adapter". Et de poursuivre : "à partir du moment où on s'oriente vers une opération de maintien de la paix au niveau des Nations unies, [l’] accroissement de notre présence était indispensable".
Jean-Yves Le Drian a, en outre, dressé un bilan inquiétant de la situation affirmant que "beaucoup d'exactions" continuent d'être perpétrées en RCA, en raison notamment des rivalités entre les miliciens de l'ex-Séléka et les anti-balakas.
"La présence de gendarmes est indispensable"
"L'important aujourd'hui c'est la sécurité de proximité [...] C'est pourquoi la présence de gendarmes est indispensable, pour que progressivement l'État centrafricain ait les outils de sa propre sécurité intérieure, avec aussi la nécessité de renforcer la chaîne judiciaire", a-t-il assuré.
"On est à un passage entre une force d'intervention militaire et la nécessité d'une sécurité de proximité qui va venir et à laquelle les forces françaises apporteront leur soutien et leur capacité de formation", a-t-il conclu.
La présence des militaires français de l'opération Sangaris et des 6 000 soldats africains de la Misca n'a pas permis jusqu'ici de rompre un cycle de violences qui a fait plus de 2 000 morts et un million de déplacés, soit un quart de la population du pays.
Avec AFP et Reuters