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Pour les Brésiliens, la hausse des prix est "$urréaliste"

Exaspérés par la flambée des prix, les habitants de Rio ont lancé un mouvement sur Facebook pour dénoncer les commerçants trop chers. Ils ont également relancé la mode de la glacière sur les plages pour faire chuter les prix.

Les Brésiliens en ont ras-le-bol. Ils ne supportent plus de voir les prix grimper à l'approche du Mondial de football (du 12 juin au 13 juillet) et des Jeux Olympiques de 2016. Pour manifester leur colère, ils ont créé, mi-janvier, une page Facebook appelée "Rio $urreal – Arrêtez de payer" afin de "dénoncer et de boycotter les tarifs exorbitants". 

Comme les prix augmentent bien au-dessus de l'inflation (5,9% en 2013), les internautes n'ont pas tardé à réagir sur la page. En quelques semaines, ils ont chaque jour dénoncé, photos à l'appui, toutes sortes d'abus : une cruche de jus d'ananas à 52 réais (16 euros) dans un restaurant du quartier de Santa Teresa ou un sandwich à 99 réais (30 euros) à Leblon. Le principe est également de donner des conseils pour éviter de se faire piéger : prendre sa propre chaise pour la plage plutôt que d'en louer une ; dénoncer les chauffeurs de taxis désobligeants ; refuser de fréquenter les bars hors de prix, etc.

180 000 fans en quelques semaines

En moins d'un mois, le mouvement, qui a crée sa monnaie vurtuelle le "$urreal" (un jeu de mot alliant la monnaie nationale, le real, et le surréalisme), a réuni plus de 180 000 fans sur le réseau social. "Si tu penses que la nouvelle monnaie de Rio est le $urreal, alors adhère à la campagne 'NE PAYE PAS UN PRIX SURREAL'", peut-on lire sur la page Facebook illustrée par des faux billets à l'effigie de Salvador Dali, le maître espagnol du surréalisme.

"Nous savons que ce sentiment d'abus sur les prix est général. S'il n'y a pas une réaction forte de la société, la tendance va empirer", affirme à l'AFP Daniela Name, à l'origine du mouvement à Rio de Janeiro. "Rio $urreal" a déjà conquis d'autres grandes villes comme Sao Paulo, Brasilia ou Manaus, qui ont créé leur propre page Facebook.

La glacière, signe de résistance très tendance

$urreal a aussi lancé un autre phénomène de révolte : l'"Isoporzinho (glacière). Longtemps considérée comme le "comble de la ringardise" dans les quartiers huppés de Rio de Janeiro, la glacière en polystyrène est aujourd'hui devenue une signe de résistance très tendance contre les prix abusifs. La dynamique est simple : on se donne rendez-vous entre amis sur une place ou à la plage. Et chacun apporte à boire et à manger dans sa glacière.

Avec un salaire moyen de 615 euros par mois et des loyers qui peuvent augmenter jusqu'à 40% au renouvellement du bail, la révolution de la glacière s'est rapidement mise en marche. Déborah Turturro a organisé un "Isoporzinho" sur la plage de Copacabana : "Cette bière dans un supermarché, elle coûte 1,89 real. Dans un bar, elle serait à six, sept ou huit réais", indique-t-elle à l'AFP. "Grâce à ces rassemblements, il y aura moins de clients, moins de demande, et donc automatiquement les prix vont baisser", prévoit-elle. En effet, certains bars de Rio ont déjà baissé le prix de la bière de 15%.

Avec AFP