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La Maison Blanche a exprimé sa "profonde préoccupation" après la condamnation à huit années de prison de la journaliste irano-américaine pour espionnage au profit des États-Unis.

Reuters - Un tribunal révolutionnaire iranien a condamné samedi à huit ans de prison la journaliste irano-américaine Roxana Saberi pour espionnage au profit des Etats-Unis.


La journaliste, qui est âgée de 31 ans et travaillait comme pigiste pour des médias anglo-saxons comme la BBC et la radio publique américaine NPR, fera appel, a annoncé son avocat.


Le président américain Barack Obama est "profondément déçu" par cette condamnation, a fait savoir Robert Gibbs, porte-parole de la Maison blanche, en marge du sommet des Amériques qui se tient ce week-end à Trinité-et-Tobago.


"Nous continuerons d'exprimer nos inquiétudes au gouvernement iranien par l'intermédiaire des Suisses, en veillant à ce qu'ils (...) comprennent la profonde préoccupation que nous inspirent ces questions", a ajouté Gibbs.


La condamnation de Saberi est intervenue alors que les relations entre les Etats-Unis et la République islamique,
tumulteuses depuis 30 ans, semblaient connaître une amorce de dégel.


La République islamique ne reconnaît pas la double nationalité. En vertu du code pénal iranien, l'espionnage est un
délit passible de la peine de mort.


Le procès de Roxana Saberi s'était ouvert lundi devant la section 28 du Tribunal révolutionnaire de Téhéran chargée des
questions de sécurité nationale.


"Elle a écopé d'une peine de huit ans de réclusion criminelle", a déclaré son avocat, Abdolsamad Khoramshahi, à
Reuters. "Je vais faire appel en son nom".


Un responsable anonyme de l'appareil judiciaire a confirmé la condamnation de la jeune femme née aux Etats-Unis d'un père iranienne et d'une mère américaine. D'après ce responsable cité par l'agence de presse officielle Irna, Roxana Saberi peut interjeter appel.


Son père, Reza Saberi, a affirmé au micro de la NPR qu'elle était passée aux aveux sous la contrainte avant de se rétracter.


"AU MAUVAIS ENDROIT AU MAUVAIS MOMENT"


"Elle a été trompée, a-t-il expliqué. Elle est très déprimée et veut faire la grève de la faim. Si elle met sa menace à
exécution, je crains beaucoup pour sa santé, qui est très fragile".


Avant la condamnation, le gouvernement américain avait estimé que les accusations d'espionnage ne reposaient sur "aucun fondement" et réclamé la remise en liberté immédiate de la journaliste, arrêtée en janvier à l'expiration de son
accréditation de journaliste.


Dans un communiqué, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est déclarée "très déçue". "Nous continuerons à faire part au
gouvernement iranien de nos inquiétudes", a-t-elle dit dans un communiqué.


"Nous sommes très choqués par cette condamnation, sévère et non méritée", a réagi la directrice générale de la NPR, Vivian Schiller.


La condamnation de Roxana Saberi, dont Hillary Clinton avait réclamé la libération à plusieurs reprises, risque d'aviver les
tensions entre l'Iran et les Etats-Unis à un moment où Washington tente d'ouvrir un nouveau chapitre de ses relations
avec Téhéran, notamment sur le dossier explosif du nucléaire iranien.


Pour un analyste iranien, la condamnation de la journaliste ne devrait toutefois pas être interprétée comme une rebuffade de l'Iran envers la main tendue de l'administration Obama.


Il estime que la jeune femme a eu simplement le tort "d'être au mauvais endroit au mauvais moment".


Cet analyste, qui n'a pas voulu être cité, pense même que la condamnation à huit ans de prison a toutes les chances d'être commuée ou réduite par une juridiction supérieure.