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À Genève, les négociations directes entre le régime syrien et l'opposition piétinent, selon les diplomates. Damas les pense vouées à l'échec. À Homs, l'opération d'évacuation de civils, assiégés dans la vieille ville, doit se poursuivre mercredi.

C'est un dialogue de sourds. Au terme de deux jours de pourparlers directs entre le régime syrien et l'opposition à Genève, censés oeuvrer à une solution politique pour mettre fin au conflit qui ravage la Syrie depuis près de trois ans, le médiateur de l'ONU Lakhdar Brahimi a admis que les négociations étaient "laborieuses".

"Le début de cette semaine a été aussi laborieux que cela avait été (dans le passé). Nous n'accomplissons pas beaucoup de progrès", a-t-il dit aux journalistes. Il a assuré "avoir des tonnes de patience": mais "le peuple syrien n'a pas cette patience et nous lui devons d'accélérer", a-t-il ajouté.

Les deux délégations se sont bien assises à la même table, mardi 11 février, pour la première fois en trois ans, mais chacune a maintenu ses priorités. Pour le gouvernement, c'est la lutte contre le terrorisme, et pour l'opposition, c'est d'avancer vers l'autorité gouvernementale de transition demandée par les grandes puissances lors de Genève-I, en 2012.

M. Brahimi a appelé "tout le monde à faire de ce processus une réalité, et à aider la Syrie à sortir de ce cauchemar que son peuple vit depuis presque trois ans". Il vise, au delà des belligérants, la communauté internationale, et en premier lieu les coparrains de la Conférence, la Russie et les États-Unis.

"Vouées à l'échec"

De son côté le régime syrien, par la voix d'un ministre à Damas, a estimé qu'en l'état les négociations étaient "vouées à l'échec".

Le ministre syrien de la Réconciliation nationale, Ali Haidar, a ainsi expliqué à l'AFP que les négociations en cours à Genève pour trouver une issue à ce conflit étaient "vouées à l'échec en l'état actuel des choses".

Selon lui, le gouvernement syrien a décidé de participer à la Conférence de Genève notamment "pour briser un blocus politique et médiatique qui dure depuis trois ans". Et toujours selon le ministre, l'opposition s'est, elle, rendue à la Conférence pour "gagner en légitimité".

Interrogé sur une élection présidentielle en Syrie, M. Haidar a indiqué que, selon la Constitution, elle devait se tenir en juin et que "en cas de situation d'urgence" une disposition constitutionnelle fixait la démarche à suivre.

Le président syrien Bachar al-Assad avait, lui, annoncé en janvier à l'AFP qu'il y avait "de fortes chances" qu'il soit candidat à un nouveau mandat, ce que l'opposition refuse catégoriquement.

Les discussions doivent se poursuivre jusqu'à vendredi, jour d'une réunion trilatérale avec M. Brahimi et les deux coparrains de la Conférence, représentés par le vice-ministre russe Guennadi Gatilov et la Secrétaire d'État adjointe américaine Wendy Sherman.

1200 civils évacués des quartiers assiégés de Homs

Mardi, les opérations humanitaires dans la ville de Homs ont été la seule note relativement positive relevée par M. Brahimi, même si elles ont été suspendues pour une journée, pour des questions logistiques selon les autorités locales.

"Homs peut être appelé un succès", a-t-il estimé après l'évacuation de plus de 1 200 civils des quartiers assiégés et du ravitaillement fourni par l'ONU aux populations bloquées depuis 2012.

M. Brahimi a souligné que beaucoup d'autres zones assiégées attendaient toujours une aide humanitaire. Il a salué le courage du personnel de l'ONU et des volontaires du Croissant rouge syrien, "qui ont pris beaucoup de risques" dans cette opération réalisée alors que des tirs ont continué. "La voiture du représentant de l'ONU en Syrie a été totalement détruite alors qu'il se trouvait à l'intérieur", a-t-il relevé.

Pour la première fois mardi, les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont discuté d'un projet de résolution sur la situation humanitaire en Syrie, élaboré par des pays occidentaux et arabes et auquel la Russie reste hostile. Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ce texte est "absolument inacceptable" pour Moscou, allié de Damas.

Avec AFP
 

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