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François Hollande doit se rendre, mercredi, à la Silicon Valley, le cœur de l'innovation technologique aux États-Unis. Le président français doit y rencontrer des patrons américains et inaugurer le "French Tech hub".

D'un François à l'autre. En 1984, François Mitterrand devenait le premier président français à mettre un pied dans la Silicon Valley. Il en était reparti en promettant de dôter toutes les écoles françaises d'un ordinateur après avoir rencontré Steve Jobs, le fondateur d'Apple.

Trente ans plus tard, François Hollande prend le relais. En marge de sa rencontre avec le président américain Barack Obama, il passera la journée du mercredi 12 février avec les nouveaux maîtres du Web et autres créateurs de start-up technologiques. Le chef de l'exécutif français doit, en effet, rencontrer Éric Schmidt, président de Google, Sheryl Sandberg, la directrice financière de Facebook ou encore Jack Dorsey, le fondateur de Twitter.

Ce rendez-vous avec le gratin de l'aristocratie de la Silicon Valley intervient à un moment où la France est loin de filer le parfait amour avec les grands groupes américains du Net. Depuis l'arrivée au pouvoir des socialistes en France, le gouvernement a plusieurs fois pointé un doigt accusateur contre les pratiques d'optimisation fiscale de ces multinationales. Google aurait ainsi, d'après l'hebdomadaire "Le Point", écopé d'un redressement fiscal d'un milliard d'euros. Apple, Facebook ou encore Amazon seraient également dans le collimateur de Bercy pour les prouesses fiscales leur permettant de payer aussi peu d'impôts que possible sur le sol français.

François Hollande pourrait profiter de cette occasion pour tenter de convaincre ses interlocuteurs du bien-fondé de son plaidoyer pour une harmonisation mondiale des pratiques fiscales, croit savoir le site internet du magazine économique "Challenge".

Dailymotion, Uber et le "French tech hub"

Évoquera-t-il aussi les autres affaires qui ont écorné l'image de l'Hexagone en Californie ? Il y a, en effet, eu le refus d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, de voir Yahoo! mettre la main sur le site français de partage de vidéo Dailymotion en mai 2013. Cette sortie avait été perçue par les entrepreneurs américains comme une forme d'interventionnisme étatique d'un autre temps. Plus récement, les États-Unis ont observé avec étonnement la colère des taxis contre les services concurrents tels qu'Uber et la manière dont le gouvernement a semblé prendre partie pour les taxis.

Pas sûr, cependant, que François Hollande ait à cœur de passer son temps à justifier le modèle sociale et économique français. Le président français compte aussi profiter de son passage à la Silicon Valley pour vanter l'écosystème numérique français. Il emmène avec lui plusieurs patrons de start-up tricolores - comme Vincent Ricordeau, le président du site de financement participatif Kisskissbankbank , Éric Careel, le cofondateur de la société d'impression 3D Sculpteo, ou encore Frédéric Mazzella, responsable du service de covoiturage Blablacar - pour illustrer le concept de "Start up République" cher à sa ministre déléguée à l'Économie numérique, Fleur Pellerin.

François Hollande s'efforcera, en tout cas, de ne pas donner l'impression d'être venu chercher la bonne parole technologique à l'oracle de la Silicon Valley. C'est dans cet optique qu'il compte inaugurer, en présence du maire de San Francisco Edwin M. Lee, le "French Tech hub", un incubateur (lieu pour accompagner le développement des jeunes entreprises, ndlr.) de start-up d'entrepreneurs français. 

L'idée peut paraître bonne : il y a 60 000 ressortissants français dans la Silicon Valley, ce qui en fait l'une des nationalités étrangères les plus représentées dans cette Mecque des nouvelles technologies. Mais, comme le souligne à l'AFP Carloz Dias, le fondateur de la société spécialisée dans la télé connectée Kwarter, cette structure risque d'être l'illustration de ce que les entrepreneurs américains reprochent aux Français : concevoir l'innovation essentiellement au travers de structures financées par des fonds publics.