La crise monétaire argentine vient de connaître un développement culinaire : il n’y a plus de ketchup dans les restaurants McDonald's du pays. Très remontés, les clients en rendent la présidente Cristina Kirchner responsable.
Après la pénurie de papier toilette au Venezuela arrivent les problèmes d’approvisionnement de ketchup en Argentine. Depuis le début de la semaine, les Argentins sont vent debout : impossible ou presque de trouver un burger avec du ketchup dans un McDonald’s du pays.
Le géant américain du fast-food est conscient du problème. Il s’est d’ailleurs fendu d’un message d’excuse sur Twitter. “Le manque de ketchup dans nos points de vente est une situation momentanée, que nous espérons résoudre rapidement”, affirme la marque nord-américaine, qui compte plus de 200 restaurants dans ce pays d'Amérique latine.
Mais les Argentins blâment davantage leur gouvernement que le créateur du Big Mac. Sur les réseaux sociaux, toujours, la présidente Cristina Kirchner est désignée principale responsable de la situation. “Avec du ketchup, Cristina, [nos hamburgers] avec du ketchup!”, est devenu le cri de ralliement des “victimes” de la crise du célèbre condiment à burger.
Que fait la chef de l’exécutif argentin dans cette galère ? La population soupçonne, en fait, McDo de ne pas arriver à mettre la main sur les précieux petits sachets rouges à cause de la politique économique du gouvernement.
Pour une poignée de dollars
Le coulis rouge serait la victime collatérale du contrôle étatique du flux de devises étrangères. Les sachets de ketchup sont, en effet, confectionnés au Chili et McDonald’s devrait donc les acheter avec des dollars. C’est là que le bat blesse : le gouvernement argentin tente actuellement d’éviter à tout prix que les billets verts quittent le pays.
Les réserves en dollars de la Banque centrale ont, en effet, atteint leur plus bas niveau depuis sept ans. Du coup, l’État a mis en place un contrôle très strict des importations et de l’accès aux dollars. “McDonald’s a sans doute les pesos [monnaie argentine, NDLR] nécessaires pour payer le ketchup mais doit avoir du mal à se procurer, en Argentine, les dollars pour les importer”, souligne au quotidien britannique “The Independent” Jimena Blanco, une analyste du cabinet de conseil Maplecroft.
L’Argentine vient, la semaine dernière, d’assouplir quelque peu les règles pour acheter des dollars, rappelle le quotidien économique allemand “Handelsblatt”. Le gouvernement a ramené la taxe sur l’achat du précieux billet vert de 35 % à 20 %. C’est moins, mais cela reste cher. D’autant plus que les douanes sont très vigilantes sur les importations et peuvent, dans certains cas, demander à l’entreprise importatrice d’exporter pour un montant similaire afin d'équilibrer la balance des dollars qui sortent et rentrent. Il y a donc des chances qu’un hangar de la douane, quelque part en Argentine, regorge de ketchup.