En marge d’une cérémonie officielle au cours de laquelle la présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza, célébrait la renaissance de l’armée nationale, des militaires se sont livrés au lynchage d’un jeune homme accusé d’être un ex-Séléka.
Mercredi, des militaires centrafricains ont lynché à mort, devant des dizaines de témoins, un jeune homme suspecté d’être un rebelle. L’incident s’est produit dans les locaux de l’École nationale de la magistrature, à l’issue d’une cérémonie officielle au cours de laquelle la présidente Catherine Samba-Panza avait célébré la reconstitution d'une armée en Centrafrique.
Ce lynchage, mené par les militaires à coups de pied, de pierre et de couteau, a eu lieu dans l’enceinte même de l’École nationale de la magistrature, quelques minutes seulement après la fin de la cérémonie, lors de laquelle étaient réunies les plus hautes autorités du gouvernement de transition, de la Mission de l’Union africaine en Centrafrique (Misca) et des troupes françaises de l’opération Sangaris.
Près de 4 000 soldats centrafricains étaient présents sur les lieux.
Les éléments des Faca (Forces armées centrafricaines) responsables de ce meurtre s’en sont pris au jeune civil, l’accusant d’être un ex-rebelle. Ils l’ont frappé à mort avant de le déshabiller, de le traîner dans la rue et de s’acharner sur son cadavre.
Des soldats, pour la plupart en uniforme, ont ensuite planté leur couteau dans le corps inanimé du jeune homme pour en arracher des lambeaux de chair, tandis que d’autres scandaient "C'est un Séléka", "Il est infiltré!", tout en prenant la scène en photo avec leurs téléphones portables.
Selon plusieurs témoins, une foule en colère s’est rapidement jointe aux militaires. Le cadavre a ensuite été démembré puis incendié, jusqu’à ce que la Misca, responsable de la sécurité de l’événement, ne disperse la foule à l’aide de gaz lacrymogènes et de coups de feu.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Sangaris a confirmé que "la force française n'était pas chargée de sécuriser la cérémonie, les seuls éléments français présents assurant la protection rapprochée du général Francisco Soriano" qui dirige les troupes françaises, mais "il avait quitté les lieux" quand les violences ont éclaté.
Dans la journée, l'ONU a condamné le lynchage et exigé de Bangui qu'elle prenne des "sanctions exemplaires" à l'endroit des militaires incriminés. Le Quai d'Orsay, à Paris, lui a emboîté le pas quelques minutes plus tard.
Il s’agissait de la toute première réunion des Forces armées centrafricaines depuis l’arrivée au pouvoir de l’ex-rébellion Séléka, majoritairement musulmane, en mars 2013. Face à la pression internationale, leur leader, Michel Djotodia, avait été contraint de quitter les rênes du pays le 10 janvier.
Avec AFP