Une délégation de plus de 100 patrons français est en visite en Iran pour nouer des premiers contacts avec les milieux économiques sur place afin de pouvoir bénéficier, le moment venu, de la fin des sanctions qui pèsent sur le pays.
Mettre un pied dans la porte pour la garder ouverte le moment venu. Tel est l'objectif de la délégation de patrons français qui s'est rendue dimanche 2 février à Téhéran. Orchestré par le Medef international, ce déplacement de trois jours est "la plus importante démonstration d'intérêt économique d'un pays pour l'Iran en dix ans", souligne le quotidien économique britannique "Financial Times".
Plus de 100 dirigeants d'entreprises françaises, dont des mastodontes du CAC 40 comme Total, Renault, Alstom ou Orange, ont, en effet, accepté de faire partie de cette imposante délégation. Cette visite économiquement interessée intervient un peu plus de deux mois après la signature de l'accord intérimaire sur le nucléaire iranien. Ce texte a mis en place la levée partielle et temporaire des sanctions économiques imposées par l'ONU, les États-Unis et l'Union européenne depuis le 20 janvier 2014. C'est donc un marché de 80 millions de consommateurs potentiels qui attend ces entreprises.
Pour l'heure, il n'est pas encore question pour toutes ces entreprises de signer des contrats. "C'est une initiative du Medef qui se rend à Téhéran à titre exploratoire", avait souligné le ministère des Affaires étrangères lors de son point presse du 31 janvier 2014. En clair, il s'agit uniquement de nouer des contacts en prévision d'un futur économiquement plus radieux pour l'Iran.
Le retour des constructeurs automobiles français ?
Afin de préparer ce terrain, le Medef a concocté un programme permettant à la délégation française de rencontrer le gratin du monde iranien des affaires. Les dirigeants français doivent ainsi discuter lundi avec plusieurs ministres à Téhéran, dont celui du Développement économique, de l'Énergie, du Transport, ou encore des Télécommunications. Dans un pays où l'économie dépend à près de 80% du secteur public, une rencontre avec les officiels du régime est un passage obligé. Ils pourront ensuite s'entretenir avec les chefs d'entreprises locaux.
Si les questions énergétiques (pétrole et gaz) devraient sans nulle doute être abordées, un autre secteur - l'industrie automobile - intéresse au plus haut point le Medef. Ce n'est pas un hasard si la délégation est conduite par Patrick Blain, le président du Comité des constructeurs français d'automobiles. Avant l'entrée en vigueur des sanctions économiques européennes, en 2012, Renault et Peugeot se partageaient plus de 30% de la production de voitures en Iran. Une part du gâteau iranien que ces Français espèrent bien reconquérir.
Si ce déplacement est le premier d'une telle importance depuis l'élection en juin 2013 de Hassan Rohani à la présidence de l'Iran, la France risque de n'avoir qu'un avantage de courte durée. Une délégation de patrons allemands devrait se rendre à Téhéran à la fin du mois, et des dirigeants d'entreprises néerlandaises feront le déplacement en mars.