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L'IMA met à l'honneur le patrimoine commun de la Méditerranée

L'Institut du monde arabe inaugure l'exposition "Qantara" et lance un site Internet consacré au patrimoine culturel commun en Méditerranée qui référence monuments, architectures et objets artistiques.

Le 25 novembre a été inaugurée à l’Institut du monde arabe  (IMA) à Paris l’exposition "Qantara" consacrée au patrimoine commun en Méditerranée. De la calligraphie à l’art de vivre en passant par le commerce et les rites funéraires, le projet a pour vœu de valoriser les entrecroisements et les influences qui ont régi les deux rives de l’Antiquité tardive à la chute de l’Empire ottoman.

L’IMA est l'initiateur et pilote du projet. L'exposition "Qantara" compte plusieurs objets d’art itinérants appartenant aux collections de musées des sept pays méditerranéens partenaires, parmi lesquels ; une tête humaine en stuc du XIe siècle et un dinar fatimide du Xe siècle provenant tous deux de Tunisie, une tapisserie d’Egypte, en laine sur lin, du VIe siècle, un cadran solaire du Xe siècle d’Espagne, ainsi qu’une écritoire et un aspersoir du Maroc. En outre, des vidéos illustrent le propos scientifique; l’une d’elles met en scène les différents bâtiments ayant été présents sur l’emplacement actuel de la Grande Mosquée de Damas et permet ainsi d’apprécier la succession de plusieurs civilisations en un même lieu.

Etoffe aux lions et aux chevaux, Egypte, VIe siècle. Dumbarton Oaks Collection, Washington.

Cette exposition multimédia a été le prétexte au lancement et à la présentation du site internet Qantara , base de données qui référence plus de mille objets, monuments et architectures avec des notices scientifiques élaborées par des centaines de spécialistes. Les modules audiovisuels et les animations ludiques, souligne Yannis Koïkas, coordinateur du projet au sein de l’IMA, sont destinées à "traduire ce qui pourrait sembler rébarbatif en un langage accessible à tous, pour inviter les gens à venir chercher une information plus profonde, les conduire vers un savoir de qualité".

Inscrit dans le programme culturel Euromed Heritage  initié par l’Union européenne, le projet Qantara associe sept pays partenaires, la France, l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Jordanie, le Liban, l’Espagne auxquels s’ajoutent la Syrie et l’Egypte, deux pays invités c'est-à-dire entièrement pris en charge par l’IMA. Et si certains pays n’ont pas paru intéressés par ce projet (la Libye, Israël et les Territoires palestiniens), les organisateurs de Qantara ont toutefois répertorié leur patrimoine sur le site.

Tête humaine en stuc, Xe siècle, musée des Arts islamiques de Raqqada, Kairouan, Tunisie.

L’exposition Qantara sera accueillie par sept villes méditerranéennes riches d’histoire. Mourad Rammah, intervenant scientifique dans l’équipe tunisienne, conservateur de la Médina de Kairouan, explique que la ville de Kairouan, où se tiendra l’exposition dès le 2 décembre, est "un grand centre spirituel. Elle est le symbole de l’islamisation de la Tunisie mais aussi d’ouverture; on y trouve une crypte et des stèles qui attestent l’existence d’une communauté chrétienne au Xe siècle".

Pour l’avenir, le projet voudra, selon Yannis Koïkas, élargir les liens "vers l’Iran, l’Afrique noire, l’Europe du Nord, la péninsule arabique". L’une des grandes autres ambitions du projet est de traiter du patrimoine immatériel en s’étendant à "la danse, la musique et l’érotisme en Méditerranée". En un mot, il s’agirait de s’intéresser à la circulation du désir : l’odeur d’un jasmin, l’ombre bleue d’une maison, "cette chose, qui fait que, que l’on soit au Maroc, en Espagne ou en Syrie, on est en Méditerranée et pas ailleurs".