L'homme par lequel le scandale de l'espionnage à grande échelle de L'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a éclaté, Edward Snowden, toujours réfugié en Russie, a donné, dimanche 26 janvier, sa première interview télévisée.
"Ils veulent me tuer". Edward Snowden en est convaincu : des fonctionnaires de l'administration américaine veulent voir l'ancien consultant de la NSA, actuellement réfugié en Russie, mort. C'est, en tout cas, ce qu'il a affirmé, dimanche 26 janvier, sur la ARD (la première chaîne allemande) lors de sa première interview télévisée depuis qu'il a quitté Hong Kong en juin 2013, peu après la publication de documents sur les programmes d'espionnage secrets de la NSA.
Malgré les "menaces" dont il ferait l'objet et qui l'ont poussé à prendre un garde du corps, Edward Snowden a affirmé qu'il dormait bien la nuit car il "avait fait ce qu'[il] pensait nécessaire".
Cet entretien, d'une trentaine de minutes, a été enregistré en secret, jeudi 23 janvier, dans une chambre d'un hôtel en Russie. Lors de cette interview, menée par un journaliste de la chaîne régionale NDR (qui appartient au groupe ARD), le fugitif américain s'y est montré prudent quant à ses affirmations, craignant probablement que le président Russe, Vladimir Poutine, tienne parole. L'homme fort du Kremlin a, en effet, averti Edward Snowden de ne pas faire de nouvelles révélations "heurtant les intérêts américains" sous peine d'être renvoyé aux États-Unis. Le chef de l'exécutif russe doit décider dans les prochains mois s'il reconduit l'asile accordé pour un an à Edward Snowden en août 2013.
"L'espionnage économique" aussi
L'ex-consultant de la NSA a tout de même tenu à donner son analyse de certains des programmes de son ancien employeur, qu'il a contribué à mettre en lumière. Il est ainsi convaincu qu'Angela Merkel n'est pas la seule personnalité politique dont le téléphone portable est sur écoute de la NSA. "Je dirais qu'il est probable que ses conseillers et collaborateurs sont également espionnés", a extrapolé Edward Snowden.
Le lanceur d'alerte américain pense également que la NSA a une conception très large des intérêts nationaux. Les questions de sécurité interieure et de terrorisme ne sont pas les seules à retenir l'attention des cyberespions américains qui, d'après lui, se livreraient également à de "l'espionnage économique". "S'il y a des informations, par exemple sur Siemens, qui soient dans l'intérêt national [des États-Unis], mais qui n'ont rien à voir avec la sécurité nationale, ils prendront cette information quand même", a-t-il affirmé.