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Le président Hollande et le pape François ont abordé le dossier syrien, mais aussi des thèmes d’actualité comme la famille et la bioéthique. Quelques heures plus tôt, une bombe artisanale a explosé près d'une église française.

À l'Élysée, on préparait la rencontre avec le pape François depuis novembre. Vingt mois après son élection, et après quatre voyages en Italie, le chef de l'État français a enfin franchi les murs du Vatican. Officiellement, pour aborder les dossiers internationaux, comme la crise syrienne et le conflit israélo-palestinien.

François Hollande a notamment demandé au Vatican de recevoir la Coalition nationale syrienne, le groupe le plus important de l'opposition. "La conférence de Genève doit être tournée vers la transition, a-t-il déclaré vendredi lors d'une conférence de presse. Nous devons tout faire pour arrêter les combats et déployer l'aide humanitaire".

Mais le président français et le pape François ont également abordé les sujets de société qui fâchent. Le Vatican a en effet annoncé que "quelques thèmes d'actualité ont été examinés, comme la famille, la bioéthique, le respect des communautés religieuses et la protection des lieux de culte".

Malaise des catholiques

Avec cette première visite officielle au Saint-Siège, qui n'est pas une visite d'État, François Hollande souhaite, selon l'un de ses conseillers, adresser "un message fort de dialogue et d'attention" aux catholiques, à l'approche des élections municipales et européennes. Défenseur de la laïcité, il reste impopulaire auprès de la majorité d'entre eux pour avoir défendu le mariage pour tous. La loi autorisant le mariage homosexuel, promulguée en mai 2013, avait mis des centaines de milliers de manifestants dans la rue, parmi lesquels nombre de catholiques.

La visite intervient deux jours seulement après la suppression par les députés français de la notion de "détresse" comme motif d'interruption de grossesse. Ce que ses adversaires voient comme une dangereuse "banalisation" de l'avortement, au moment où l'Espagne,  conservatrice, restreint l'a ccès à l'IVG, que le précédent gouvernement, socialiste, avait libéralisé.

Autre pomme de discorde entre une partie des catholiques et le gouvernement : le projet sur le suicide assisté pour les malades en fin de vie. Les réformes envisagées sur la famille et la promotion de "la théorie du genre" créent également un malaise grandissant parmi les catholiques français.

Au Saint-Siège, ces projets et débats suscitent incompréhension et critiques. Les positions du pape contre l'avortement, l'euthanasie et pour la défense de la famille traditionnelle sont claires, même s'il n'emploie pas la formule "valeurs non négociables" utilisée par ses prédecesseurs. Devant le corps diplomatique, il a dit "l'horreur" que suscitait en lui l'avortement, qu'il range dans la "culture du déchet", caractéristique selon lui de l'époque actuelle. Le pape François, à qui devait être transmise une "supplique" de 110 000 catholiques exprimant leur "malaise" face à la politique du gouvernement, va certainement évoquer ces sujets.

Explosion près d'une église française

Le voyage arrive à un moment délicat pour le président, au plus bas dans les sondages. Et son séjour à Rome, chez le populaire pape François, pourrait avoir un effet favorable sur sa côte de popularité.

Quelques heures avant la visite de François Hollande au Vatican vendredi 24 janvier, une bombe artisanale a explosé à Rome, à proximité d'une église gérée par la France. La déflagration, qui s'est produite vers 2h30 du matin dans une petite rue du centre historique de la capitale italienne, n'aurait fait que des dégâts matériels. Trois voitures ont notamment été endommagés.

Selon l'ambassade de France au Saint-Siège, "aucun acte de revendication n'a été pour l'instant retrouvé ni transmis aux autorités". Dans cette très petite rue, "ne se trouvent que l'église Saint-Yves des Bretons, qui fait partie de la fondation des Pieux établissements de la France à Rome et Lorette, et un restaurant", a indiqué à l'AFP la secrétaire de l'ambassadeur de France au Vatican, qui associe cet acte "à la visite du président de la république" française. Vendredi matin, la bombe était en cours d'analyse par les artificiers des carabiniers de Rome, qui se sont rendus sur place.

Avec AFP