logo

Amazon veut se lancer dans la "livraison anticipée"

Le géant américain Amazon a déposé un brevet sur la "livraison anticipée" de produits que ses clients désireraient plus ou moins en secret. Une manière d’être toujours plus rapide à combler les souhaits des consommateurs. Un peu trop même ?

Le futur du e-commerce pour Amazon pourrait ressembler à ça : un drone qui viendrait livrer aux clients des produits dont il rêve mais qu’il n’a pas encore achetés. Si l’idée du “drone livreur” vanté par Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, ressemble davantage à un coup marketing, le concept de livraison par anticipation semble être une innovation sur laquelle le géant américain du Net planche activement.

Il a fait, en effet, l’objet d’un brevet déposé par Amazon en décembre, que le quotidien américain “Wall Street Journal” a repéré vendredi 17 janvier. Le site de vente en ligne de biens culturels y décrit le procédé qui lui permettrait de deviner les désirs d’achat des utilisateurs de son site et d’envoyer, par anticipation, aux dépôts les plus proches de leur domicile des colis contenant les produits convoités plus ou moins consciemment.

Ce n’est donc pas tout à fait le “Minority Report” du e-commerce. Amazon ne clame pas avoir découvert la formule magique lui permettant d'identifier à coup sûr le prochain livre qu’un internaute achetera. Il pense, en revanche, détenir suffisamment de données sur ses clients pour avoir une idée précise de ce qu’ils sont susceptibles de vouloir acquérir.

Car c’est bien de cela dont il s’agit pour Amazon : savoir comment utiliser au mieux son immense base de données pour avoir un avantage commercial déterminant sur la concurrence. Le brevet indique ainsi que le site compte utiliser aussi bien l’historique des achats et les produits similaires à ceux déjà commandés que le contenu des listes de souhaits ou même le temps qu’un internaute a passé sur la page de description d’un ouvrage ou d’un DVD.

Livraisons “prédictives”

Ce brevet n’est, en outre, pas seulement un défi pour les autres sites d’e-commerce. Pour Amazon, c’est aussi une nouvelle arme pour dissuader les consommateurs de se rendre dans des magasins. “Le principal désavantage que les sites de vente en ligne ont sur les magasins en dur est le délai de livraison, qui peut être de plusieurs semaines, et peut ainsi décourager les éventuels acheteurs à passer commande sur l’Internet”, regrettent les auteurs brevet. D’où l’idée de mettre en place une livraison par anticipation. Le site n’indique pas, en revanche, à quelle échéance il compte appliquer ce nouveau procédé, ni même si Amazon passera réellement aux travaux pratiques.

En un sens, ce nouveau procédé “prédictif” ne serait qu’une nouvelle étape dans la politique d’Amazon pour réduire au maximum le délai de livraison. Le site a été l’un des premiers à proposer la livraison en un jour, et le géant américain multiplie les ouvertures de dépôts un peu partout dans le monde pour mailler au mieux le territoire.

Mais ce nouveau brevet pousse le bouchon très loin. Il comprend notamment plusieurs scénarios de livraisons “spéculatives”. Ainsi, Amazon n’exclut pas de garder des produits dont l’algorithme du site a déterminé qu’ils seraient particulièrement “désirés” par tel ou tel internaute dans des camions pour un certains temps, juste au cas où le client succomberait à la tentation. Et si, au final, il n’achète rien, Amazon se réserve, toujours d’après le brevet, la possibilité de l’”offrir” malgré tout lorsque le coût pour le rapatrier dans les entrepôts dépasse celui de la livraison. À l’avenir, souligne ainsi le site TechCrunch, il faudra peut-être faire très attention aux produits à inscrire dans sa liste de souhaits.