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Centrafrique : "Je ne permettrai aucune agression dans mon église"

La ville de Boali, en Centrafrique, a été ce week-end le théâtre d'affrontements entre Séléka et anti-balaka qui ont fait au moins sept morts. Accueillis dans la paroisse de la ville, des centaines de musulmans ont pu éviter le pire.

"Boali la resplendissante vous souhaite la bienvenue", clame une pancarte à l'entrée de cette ville célèbre pour ses chutes d'eau, située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Bangui, en République de Centrafrique. "Boali la resplendissante" a pourtant été ce week-end le théâtre de ternes violences et pour la première fois, des membres de la force Sangaris ont été les témoins directs d’exactions en dehors de la capitale.

Les violences ont démarré vendredi 17 janvier, et comme souvent, il est difficile de savoir précisément ce qui a déclenché l'accès de furie. L'arrivée de militaires français, qui ont désarmé des combattants musulmans ? L'entrée en ville d'anti-balaka - milices chrétiennes hostiles à l’ex-président Djotodia - sortis de la brousse ? Toujours est-il qu'au moins sept personnes, six musulmans et un chrétien, ont été tuées pendant le week-end, et des maisons dévastées.

Les musulmans pris au piège

Des familles entières ont tenté de fuir vers Bangui mais le danger sur les routes était plus grand encore. Pris au piège, les musulmans se sont retrouvés coincés entre les check-points improvisés des anti-balakas sur les axes routiers et les exactions dans le centre de Boali.

Face à l’urgence, l’abbé Xavier Fagba a ouvert les portes de la paroisse Saint-Pierre de Boali à des centaines de musulmans, dont de nombreux Peuls."Je ne permettrai pas que quiconque entre dans l’église et touche à qui que ce soit. Quelle que soit sa confession religieuse, je n’accepterai pas", a garanti l’abbé au micro de FRANCE 24. Les femmes se sont entassées au pied de l’autel.

Les enfants ont empilé leurs ballots près d’une statue de la Vierge et du Tabernacle, témoigne un journaliste de l’AFP. Au total, ils sont un peu moins de mille personnes à avoir trouvé refuge pour deux nuits dans l’église, gardée par quelque 70 hommes de l'opération militaire française Sangaris.

"La sécurisation du pays est une tâche qui s'annonce compliquée pour les hommes de Sangaris et de la Misca", redoute Tatiana Mossot, envoyée spéciale de FRANCE 24 en Centrafrique. "Le scénario violent et préoccupant vécu ici se répète malheureusement dans plusieurs autres localités en Centrafrique, et aucune force internationale ne peut encore réellement intervenir", poursuit-elle. Selon le prêtre et l’armée française, le pire a été évité à Boali, ce week-end. Mais nul ne sait pour combien de temps.

Avec AFP