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Plusieurs milliers de manifestants anti-avortement défilent à Paris

Au moins 16 000 personnes ont défilé dans les rues de Paris, dimanche, lors de la "Marche pour la vie", à la veille de l'examen à l'Assemblée d'amendements prévoyant d'assouplir le recours à l'interruption volontaire de grossesse en France.

La "Marche pour la vie" s’est ébranlée dans les rues parisiennes, dimanche 19 janvier, pour la neuvième année, hissant pour cette saison les couleurs de l’Espagne. Plusieurs milliers de militants anti-avortement, 16 000 selon la préfecture, 40 000 selon les organisateurs qui parlent d'un "record", ont manifesté à la veille de l’examen à l’Assemblée nationale d’amendements prévoyant d’assouplir le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France.

Aux cris de "Oui à la vie" et brandissant des pancartes "Ne les tuez pas", les manifestants, dont de nombreuses familles, ont défilé de la place Denfert-Rochereau aux Invalides à l’appel du collectif "La Marche pour la Vie". Constituée d'une quinzaine d'associations, la Marche s'est créée en 2005 en réaction aux trente ans de la loi Veil, qui a dépénalisé l’avortement en France. Le mouvement, qui défilait cette année-là sous le slogan "Trente ans ça suffit", s’est pérennisé et les anti-IVG défilent depuis chaque année, sauf l’an dernier où ils s’étaient associés aux manifestations contre le mariage homosexuel.
Les manifestants, qui appelaient notamment à un "statut de l’embryon", ont reçu  la bénédiction du pape François qui a invité les participants "à maintenir vive leur attention pour ce sujet si important", a indiqué le nonce apostolique en France, Mgr Luigi Ventura, cité par Radio Vatican.
Le projet de loi sur l’égalité dans le collimateur
Dans le collimateur des anti-IVG, deux amendements du projet de loi pour l’égalité homme-femme : l’un qui supprime la notion de "situation de détresse" dans le recours à l’avortement, et l’autre qui sanctionne le "délit d’entrave" à l’IVG.
La loi Veil invoquait en effet un état de "détresse" chez la femme souhaitant mettre fin à sa grossesse. Dans la pratique, il n'est pas demandé aux femmes enceintes de prouver leur détresse pour pouvoir avorter, elles sont les seuls juges de leur état. Mais pour les mouvements pro-vie, un tel changement ouvre la porte aux avortements eugénistes. 
Le "délit d’entrave" quant à lui sanctionne de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende qui tente "d'empêcher une interruption de grossesse", soit "en perturbant de quelque manière que ce soit l'accès aux établissements" effectuant des IVG, "soit en exerçant des pressions morales et psychologiques, des menaces ou tout acte d'intimidation". Des exercices auxquels s’adonnent bien volontiers les militants pro-vie.
L’ombre de l’Espagne
Dénonçant cette année une "banalisation totale" de l’interruption volontaire de grossesse, ils ont par ailleurs applaudi la volonté de l’Espagne de limiter ce droit pour lequel toute une génération de femmes s’est battue.  
Le débat fait rage chez la voisine ibérique entre pro et anti-IVG depuis que le gouvernement conservateur de Mario Rajoy a approuvé un projet de loi qui prévoit de limiter le droit à l’avortement , sauf en cas de viol ayant fait l’objet d’une plainte et de danger physique ou psychique pour la femme. Le texte est dénoncé par les associations féministes et les partis de gauche qui y voient un retour de 30 ans en arrière.
À Paris, en réponse aux anti-IVG, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées place d’Italie pour défendre le droit à l’avortement.

Avec AFP et Reuters