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Polémique après le report d'une exposition à Paris sur le peuple juif

L'Unesco a reporté l'inauguration à Paris d'une exposition retraçant 3 500 ans de relations entre le peuple juif et Israël. Et ce, à la demande de 22 pays arabes invoquant des risques pour le processus de paix au Proche-Orient.

L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a créé la polémique en annonçant le report de l'inauguration, à la demande de 22 pays arabes, d'une exposition retraçant 3 500 ans de relations entre le peuple juif et Israël, prévue mardi à Paris.

Organisée en collaboration avec le Centre Simon Wiesenthal de lutte contre l'antisémitisme, l’exposition intitulée "Les gens, le Livre, la Terre: la relation de 3 500 ans du peuple juif avec la Terre Sainte" devait se tenir entre le 21 et le 30 janvier au siège parisien de l’Unesco.

Dans un communiqué, l'Unesco a indiqué, vendredi 17 janvier, avoir "reçu une lettre de 22 États membres du Groupe arabe qui ont fait état de leur préoccupation quant au possible impact négatif de l'exposition sur le processus de paix et les négociations en cours au Proche-Orient".

"Éviter une confrontation et une politisation"

"Dans ce contexte, l'Unesco a malheureusement dû reporter l'inauguration de l'exposition", poursuit le communiqué. Selon l'organisation onusienne, "un certain nombre d'éléments doivent encore trouver un accord", en particulier des "points historiques textuels ou visuels potentiellement contestables, qui pourraient être perçus par des États-membres comme une mise en danger du processus de paix".

"Le consensus dans les décisions et les résolutions de l'Unesco concernant le Proche-Orient sont particulièrement importants pour éviter une confrontation et une politisation", insiste l'Unesco, qui s'engage à "travailler avec les États membres et ses partenaires pour tenir cette exposition dans des conditions favorables à la coopération et au dialogue".

Le Centre Simon-Wiesenthal crie au scandale

Le Centre Simon-Wiesenthal a qualifié vendredi de "scandaleuse" la décision de l'Unesco, tandis que le rabbin Marvin Hier, fondateur et responsable du Centre basé à Los Angeles, a estimé que l'Unesco se rendait coupable de "censure".
"Le prétexte retenu par l’Unesco pour annuler cette exposition est insensé, sachant que ce projet lancé il y a deux ans avait une approche historique et éducative", confie à FRANCE 24, le docteur Shimon Samuels, directeur des relations internationales du Centre Simon-Wiesenthal, à Paris.
Ce dernier affirme que tous les contenus susceptibles de choquer ou d’offenser un des États membres avaient été écartés, et toutes les modifications demandées par l’Unesco avaient été acceptées. "Par conséquent, dire que certains points doivent trouver un accord est faux, c’est la troisième fois que cette exposition est reportée, sauf que cette fois-ci, il s’agit d’une annulation, puisqu’aucune nouvelle date n’a été communiquée", indique le responsable, qui précise que sept ou huit experts de l’Unesco avaient travaillé sur le projet.
"Nous allons voir ce que nous pouvons faire pour sauver cette exposition, si nous n’arrivons pas à la faire à l’Unesco, nous trouverons un autre lieu où elle ne sera pas censurée", souligne-t-il.
Le Fatah salue cette décision
De son côté, Adel Ghoul, secrétaire général du Fatah en France, estime que l’Unesco a pris la bonne décision et aurait préféré que l’organisation onusienne organise une exposition "sur les souffrances" des enfants palestiniens. "Les circonstances ne sont pas favorables pour organiser une telle exposition, c’était une erreur de l’avoir programmée et son annulation est une bonne chose. Les pays arabes ont enfin réagi d’une manière positive", estime-t-il à FRANCE 24.
Le report de l'exposition intervient alors que les relations entre l'Unesco et Israël sont notoirement tendues depuis l'admission en octobre 2011 de la Palestine au sein de l'organisation. En réaction, l'État hébreu et les États-Unis avaient cessé de verser leur contribution financière à l'Unesco et ont, par conséquent, perdu en novembre 2013 leur droit de veto.
Avec AFP

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