Deux adolescents, scolarisés à Toulouse, se sont envolés début janvier pour combattre en Syrie aux côtés de leurs "frères" djihadistes. Le père d’un des deux garçons a affirmé que son fils avait été endoctriné sur Internet.
Il n’a pas 16 ans et a décidé de partir combattre en Syrie. Un adolescent toulousain, scolarisé au lycée des Arènes dans la Ville rose, s’est envolé au début janvier avec l’un de ses amis en Turquie en vue de rejoindre la Syrie, a indiqué vendredi 17 janvier le procureur de Toulouse, Michel Valet.
Effondré, le père du garçon s’est confié à la "Dépêche du Midi". Il y affirme que son fils a "subi un lavage de cerveau sur Internet" depuis le mois de décembre. "Il y a eu des échanges de messages sur Facebook, des vidéos sur la guerre en Syrie. Sur son ordinateur et sur son téléphone portable, il était connecté sur les réseaux sociaux en permanence avec son copain", explique-t-il.
Tout commence le 6 janvier lorsque le jeune garçon, décrit par son père comme un adolescent "sérieux" et "sans mauvaises fréquentations" ne rentre pas du lycée. Ses parents, inquiets, alertent en fin d’après-midi l’établissement. Ils apprennent alors qu’un inconnu se faisant passer pour le père a prévenu que l’adolescent serait absent. Le soir même, le jeune Toulousain appelle enfin ses parents. Il tente de les rassurer mais prévient qu’il ne rentrera pas. "Je vais bien, je mange bien, ne vous inquiétez pas", répète le garçon. Son père, désarmé, alerte la gendarmerie.
Mais les deux mineurs sont déjà loin. Malgré leur jeune âge, ils ont pu quitter le territoire français munis de leurs passeports. Les deux garçons ont acheté deux billets d’avion pour la Turquie grâce à la carte bancaire de ce père de famille. "J’avais entièrement confiance en lui. J’ai toujours éduqué mon fils et mes enfants dans les règles et le respect des autres", confie son père au quotidien.
Fou d’inquiétude, il décide de partir à sa recherche. "Je suis parti en Turquie la semaine dernière pour comprendre. J’ai essayé de mener ma propre enquête en partant sur leurs traces. Là-bas, j’ai rencontré des gens qui prétendaient être des passeurs. Je n’ai rien pu faire. Lorsque vous êtes en Syrie, c’est très difficile d’en sortir", précise-t-il.
"Je vous téléphonerai si je suis encore en vie"
Une semaine plus tard, le jeune garçon, qui ne parle pas un mot d’arabe, "qui ne l’écrit pas non plus", rappelle une deuxième fois ses parents. Il est alors en Syrie. Il tente d’expliquer à son père son engagement auprès des djihadistes, lui parle des combattants d’Al-Qaïda comme de ses "frères". Il lui indique aussi qu’il ne les contactera plus pendant quelques temps. Qu’il leur téléphonera "s’il est encore en vie". "On fait tout pour les ramener ici. Mon fils et son copain. Car mon combat est aussi en direction de tous ces jeunes qui subissent le pire des endoctrinements", déclare-t-il à la "Dépêche du Midi".
Impuissant, ce père de famille déclare aujourd’hui ouvertement sa haine envers ces "recruteurs", qui s’en prennent à des "proies faciles". "Ces gens, à la tête de ces réseaux, je les hais, ils salissent l’islam et les musulmans. C’est inacceptable et je ne le pardonnerai jamais", a-t-il conclu.
Le parquet de Toulouse a saisi la section antiterroriste du parquet de Paris, a déclaré, vendredi 17 janvier, le procureur Michel Valet. "Depuis l’affaire Merah, nous avons été saisis de plusieurs cas de ce genre mais ce phénomène n’est pas une exclusivité toulousaine puisque d’autres jeunes, notamment à Strasbourg, ont également entrepris de tels voyages", a-t-il ajouté.
Lors de sa conférence de presse de mardi dernier, François Hollande a chiffré à 700 le nombre de Français et d’étrangers partis de France pour faire le djihad en Syrie. Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a déclaré, vendredi, que 20 d’entre eux avaient trouvé la mort dans ce pays en guerre depuis bientôt trois ans. "Cela montre bien l’ampleur du phénomène en France et en Europe", a-t-il déclaré lors d’un déplacement dans le Vaucluse.
Avec AFP et Reuters