Le Parlement ukrainien vient de se doter d’un arsenal législatif visant à durcir les sanctions à l’égard des manifestants. Une série de textes vue par l’opposition comme une tentative de musellement du mouvement de contestation qui agite le pays.
Le Parlement ukrainien, dominé par les alliés du président Viktor Ianoukovitch, a adopté jeudi 16 janvier une série de lois visant à durcir les sanctions à l’encontre des manifestants. Un arsenal législatif perçu par l’opposition comme une tentative de museler le mouvement de contestation qui agite le pays depuis la fin du mois de novembre.
L’un des textes prévoit que l'installation non-autorisée de tentes ou d'estrades dans des endroits publics soit désormais passible de 15 jours de détention. D’autres lois visent aussi les personnes qui bloqueraient les bâtiments officiels. Elles seront passibles de peines de prison allant jusqu'à cinq ans. Des mesures et des amendes à l'encontre des personnes manifestant avec un masque ou un casque sur la tête ou des personnes manifestant dans des cortèges de voitures ont également été adoptées.
La série de textes s’attaque également à Internet, où la diffamation pourra être punie par une amende ou des travaux d'intérêt général.
Inquiétude de Bruxelles et Washington
Le vote du Parlement a été accueilli froidement par l’opposition. L’un de ses leaders, Arseni Iatseniouk, s’est insurgé contre ce qu’il perçoit comme une violation de la Constitution et un coup de force. "Après de tels événements, il faut s'attendre à une nouvelle vague d'actions de protestation en Ukraine", a-t-il averti. "Toutes ces lois ont été adoptées en violant les règlements et n'ont aucune force légale", a pour sa part déclaré un autre chef de file de l'opposition, Vitali Klitschko. L’ancien boxeur fait référence aux événements qui ont marqué le vote des parlementaires. En cours de session, les députés de l’opposition ont tenté d’empêcher ceux du pouvoir de voter par boitier électronique. Dans la confusion la plus totale, les textes ont finalement été avalisés par un vote à main levée.
L'ambassadeur de l'Union européenne en Ukraine, Jan Tombinski, s’est dit "préoccupé par la façon dont certaines lois ont été votées au Parlement [jeudi]." "Les lois devraient être adoptées selon des procédures précises. Autrement la crédibilité des institutions démocratiques et du système légal est en jeu", a-t-il déclaré. Des inquiétudes également exprimées par les États-Unis, qui estiment que que le Parlement a voté "plusieurs mesures controversée sans le faire dans le cadre des bonnes procédures".
Depuis fin novembre, l'Ukraine est en proie à un mouvement de contestation sans précédent. Chaque dimanche, des dizaines de milliers de protestataires se réunissent dans les rues de Kiev, la capitale, pour dénoncer la politique pro-russe du régime de Viktor Ianoukovitch.
Avec AFP