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Juba reprend aux rebelles Bentiu, la capitale pétrolière

Bentiu, ville du nord du Soudan du Sud qui concentre la plupart des puits de pétrole du pays, a été reprise par l'armée des mains de la rébellion. De nombreux habitants ont fui les violences, augmentant encore le nombre de déplacés.

L'armée sud-soudanaise a annoncé, vendredi 10 janvier, avoir repris aux rebelles la ville de Bentiu , capitale de l’État de l’Unité où sont concentrés la plupart des puits de pétrole du Soudan du Sud. "Bentiu est aujourd'hui sous notre contrôle", a confirmé le porte-parole de la présidence, Ateny Wek Ateny.

Le chef de la rébellion sud-soudanaise, l'ex vice-président Riek Machar, a reconnu la perte de la ville mais promis de poursuivre son combat contre son rival, le président Salva Kiir. "Nous nous sommes retirés de Bentiu mais c'était pour éviter des combats de rue et sauver des vies humaines. Nous continuons notre combat, nous continuerons la bataille", a-t-il déclaré à l'AFP par téléphone.

La station de radio soudanaise indépendante Tamazuj a rapporté que des combats avaient éclaté au sein même des forces rebelles avant la chute de Bentiu. La radio a ajouté, toujours en citant ces témoins, que plusieurs combattants rebelles avaient été tués par les troupes gouvernementales, tandis qu'ils tentaient de se réfugier dans une base de l'ONU.

Catastrophe humanitaire

Selon Tamazuj toujours, les combats entre l’armée et la rébellion se sont intensifiés ces derniers jours, provoquant la fuite de nombreux villageois. Elle affirme également que dans le chaos, une partie de la ville a été mise à sac par des soldats. Des civils se sont en outre adonnés à des pillages de banques, de bureaux et de boutiques dans le centre de Bentiu.

Certains habitants, principalement les femmes et les enfants, ont trouvé refuge dans le quartier général de la mission de l’ONU au Soudan du Sud (UNMISS), et le HCR a évacué nombre d’entre eux vers Juba, la capitale du pays.  

D'ici à avril, plus d'un demi-million de Sud-Soudanais devraient avoir fui les violences et trouver refuge à l'intérieur même du Soudan du Sud ou à l'étranger, selon les estimations publiées vendredi par l'ONU. Le HCR estime, lui, que le nombre de déplacés internes s 'élèvera à 40 0 000 d'ici avril, contre 230 000 à ce jour, tandis que les réfugiés dans les pays voisins atteindront 125 000 contre 43 000 actuellement.

Pourparlers au point mort

Depuis la mi-décembre, les forces gouvernementales combattent les rebelles sur une vaste portion du Soudan du Sud. Ce jeune État est depuis déchiré en raison d'intenses combats alimentés par une rivalité entre le président sud-soudanais Salva Kiir et Riek Machar, limogé de son poste de vice-président en juillet.

Le premier accuse le second de tentative de coup d'État, ce que nie l'intéressé. Ce dernier reproche à l'actuel président de chercher à éliminer ses rivaux. Les pourparlers en cours à Addis-Abeba en vue d’un cessez-le-feu sont à ce jour au point mort.

Avec AFP et Reuters