
L'Inde, qui compte s'équiper de 126 chasseurs de combat, a exclu, jeudi, le Rafale de Dassault Aviation de son appel d'offres de 12 milliards de dollars. Un nouvel échec pour le constructeur français qui n'arrive toujours pas a exporter l'avion...
Un raté de plus s’ajoute à la longue liste des échecs déjà enregistrés par le Rafale de Dassault Aviation. Jeudi, le ministère indien de la Défense a annoncé que l’avion militaire français n'était pas retenu pour un appel d'offres de 12 milliards de dollars destiné à équiper son armée de l'air de 126 chasseurs de combat. Un échec pour la France, qui voit filer sous son nez l’un des plus gros contrats actuellement sur le marché...
"Le Rafale n'a pas rempli les conditions habituelles, a expliqué le ministère indien. Dassault ne peut pas soumettre de nouvelles propositions ou offrir des alternatives pour l'évaluation technique. L'entreprise est hors jeu de manière permanente", a-t-il même insisté.
S'exprimant sous couvert d'anonymat, un responsable du ministère indien de la Défense a affirmé à l’AFP que "le coût relativement élevé de l'avion" avait pesé dans la balance. Une raison qui, si elle se confirme, rappelle la sortie très controversée du ministre français de la Défense, Hervé Morin, en septembre 2007, qui avait reconnu que le Rafale était un avion "difficile à vendre".
Pour l’instant cependant, Dassault Aviation affirme n'avoir reçu "aucune information en ce sens des autorités indiennes".
Double échec
La mévente du Rafale est d'abord un échec pour Dassault Aviation qui, depuis 1975, exporte 75 % de ses avions et ne cesse de vanter les performances de son chasseur dernière génération : conçu pour pouvoir se poser sur un porte-avion, il peut effectuer, simultanément, au cours d’une même mission, des actions de défense, de reconnaissance et d’attaque de surface. Doté de deux puissants réacteurs, il peut également monter à la verticale en accélérant.
Mais l'impossibilité de vendre l'avion est aussi un échec pour le gouvernement français. Le Rafale fait partie des programmes majeurs de la défense française. Depuis le sommet franco-indien de septembre 2008, Paris espérait en outre atteindre 12 milliards de dollars d'échanges commerciaux avec l’Inde en 2012, en grande partie grâce au secteur de la défense, et principalement celui de l'aéronautique.
Un de perdu, dix de retrouvés ?
Le marché indien perdu, il ne reste plus désormais au Rafale que deux gros acheteurs potentiels : les Émirats arabes unis et la Libye. Même si le fleuron de l’aéronautique française espère aussi s'exporter en Suisse et au Brésil.
Selon les professionnels de la défense, les Émirats arabes unis, à qui Dassault espère vendre une soixantaine d'appareils, pourraient effectivement devenir le premier marché du Rafale à l'export. Le Qatar ou le Koweït pourraient aussi signer une commande ferme à relativement brève échéance. Dans un futur plus lointain, le marché brésilien reste ouvert.
La Grèce projette également d’acheter rapidement 40 à 60 nouveaux avions de combat. Elle doit annoncer le nom du vainqueur à la fin de 2009. Le Rafale est en compétition avec le F/A-18E/F de Boeing, l'Eurofighter Typhoon européen et, depuis peu, un chasseur suédois.
Pour autant, rien n’est gagné : pour l'heure, le Rafale ne vole toujours que pour l'armée de l'air française, malgré sa quinzaine d'années d'existence. Plus grave : il a accumulé les échecs ces dernières années, notamment au Maroc, en Corée du Sud et à Singapour, où un contrat semblait acquis. Et à cette sombre liste s’ajoute, désormais, l’Inde...