À l'occasion des festivals de printemps et d'été, toute la France va vibrer au rythme de la musique arabo-andalouse. Née dans l'Espagne actuelle, cette musique s'impose comme un genre à part entière dans le pays.
Des airs d’Andalousie rèsonnent en France en ce printemps 2009. De l'Ile-de-France à la Basse-Normandie et du Nord-Pas-de-Calais au Languedoc-Roussillon, les salles de spectacle résonnent de mélodies venues d’"Al-Andalus" - les provinces espagnoles gouvernées par les dynasties arabo-berbères entre le 8e et le 15e siècle - et d’Afrique du Nord.
Tout au long de la saison des festivals, des troupes venues du Maghreb vont se succéder sur les scènes françaises et participer à l’ancrage d’un genre peu connu dans l’espace musical français.
Musée dédié à l’histoire des musiques du monde "du Moyen-Âge à aujourd’hui", la Cité de la Musique de Paris est au centre d’une démarche culturelle destinée à promouvoir la musique andalouse. Depuis une quinzaine d’années, l’institution s’efforce d’en asseoir la place dans la ‘’France des musiques’’ et, surtout, d’en faire un genre à part entière.
À chacun sa "nouba"
Pour ouvrir le cycle andalou 2009, la Cité de la Musique a invité trois artistes - la Tunisienne Dorsaf Hamdani, l'Algérien Salim Fergani et le Marocain Mohamed Bajeddoub - à jouer, chacun, sa "nouba" de prédilection.
Facette la plus emblématique de la musique andalouse - ou arabo-andalouse -, la nouba s’apparente à une musique classique ou savante. "C’est une composition musicale construite sur un mode, qui lui donne son nom", explique Rabah Mezouane, critique musical également en charge de la programmation musicale à l’Institut du monde arabe (IMA) de Paris.
Selon une vieille croyance, Ziryab, poète et musicien arabe d’origine kurde, distinguait 24 noubats. Conçues selon des modes différents, elles "correspondaient aux 24 heures de la journée", précise Rabah Mezouane. Aujourd’hui, il en existe un nombre limité : 11 au Maroc, 12 en Algérie et 13 en Tunisie.
"Dire qu’il y en a eu 24 est un mythe qui n’est fondé sur aucune information fiable et vérifiable", affirme dans un entretien à FRANCE 24 le spécialiste des musiques de la Méditerranée, Christian Poché.
Du oud à l'Olympia
Longtemps confinée aux milieux maghrébins et aux juifs originaires d’Afrique du Nord, la musique andalouse est en passe de sortir définitivement de son cadre communautaire. Disponibles autrefois chez les seuls disquaires du quartier Barbès et du "Paris arabe", les albums sont désormais commercialisés dans les magasins Fnac et Virgin.
Elle s'invite aussi sans complexe sur les plus célèbres scènes du Paris culturel. Instruments emblématiques de la musique arabo-andalouse et des musiques sacrées, le "oud", le "qanûn" et le "ney" ont, aujourd'hui, toute leur place à l'Olympia, au Théâtre de la Ville, à l’auditorium de la Maison de la radio, à la salle de concert de l’Unesco ou à la Maison des cultures du monde.
Autre preuve que le genre a acquis ses lettres de noblesse : les voix andalouses ne pénètrent plus les foyers via les seules ondes communautaires (Beur FM, Radio Orient, Radio Shalom, France Maghreb, Radio Soleil, etc.). On les entend aussi, désormais, dans les studios de Radio France et de Radio France internationale (RFI).