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Hery Rajaonarimampianina en tête de la présidentielle malgache

Après dépouillement des bulletins de la quasi-totalité des bureaux de vote, Hery Rajaonarimampianina, le candidat adoubé par le président sortant, est donné vainqueur de la présidentielle. Son adversaire l’accuse d’avoir organisé une fraude massive.

L’élection de Hery Rajaonarimampianina à la tête de Madagascar se confirme, 10 jours après la tenue du second tour de l’élection présidentielle du 20 décembre. Les autorités électorales ont procédé, lundi 30 décembre, au dépouillement des bulletins de plus de 96 % des bureaux de vote.

Selon la Commission électorale [Cenit], le candidat soutenu par le président sortant Andry Rajoelina obtient 53,3 % des suffrages, contre 46,7 % pour son adversaire Robinson Jean Louis, adoubé par l’ancien chef de l’État Marc Ravalomanana. "Ces chiffres sont bruts et non-officiels", a précisé la Cenit. Les résultats provisoires officiels devraient être rendus publics le 7 janvier.

Abstention record

Pour l’heure, les chiffres les plus marquants sont ceux de l’abstention, qui a atteint des records au second tour de ce scrutin : seulement un peu plus de la moitié des Malgaches en âge de voter se sont déplacés aux urnes. Déjà au premier tour, le taux d’abstention était de 39 %.

"La présidentielle était couplée avec les élections législatives, de nombreuses personnes ont été découragées par la complexité de la démarche : les bureaux de vote étaient séparés en deux, il fallait faire toutes les étapes deux fois, explique Bilal Tarabey, correspondant de FRANCE 24 à Madagascar. Et, certaines listes pour les législatives comportaient plus de 30 candidats. Avec un taux d’analphabétisme qui touche entre 40 et 50 % de la population, le processus s’avère compliqué pour beaucoup de Malgaches".

Par ailleurs, explique le journaliste, nombreux sont les Malgaches qui souhaitent voir émerger une troisième voie et qui, au vu des résultats du premier tour, ne sont pas allés voter. "Il y avait bien quelques candidats critiques envers les régimes passés et présent, mais ils n’ont pas pu faire le poids face aux deux candidats [appuyés par des poids lourds de la politique malgache, NDLR]", poursuit Bilal Tarabey.

Pour autant, l’abstention n’est pas ce qui préoccupe le plus Madagascar pour le moment, à en croire le journaliste. "Tant que le taux de participation reste supérieur au seuil symbolique des 50 %, ça ne tourmente pas plus que ça les politiciens, résume le correspondant de FRANCE 24. En revanche, les accusations de fraudes pourraient poser un problème de légitimité. En ce moment, le débat public est focalisé autour de cette question".

Des fraudes possibles

Le collectif de citoyens Socle [pour le Suivi et l’observation citoyenne pour la limpidité des élections] avait déployé quelque 1 200 observateurs dans 2 750 bureaux de vote à travers le pays lors des deux tours. Malgré quelques irrégularités, les scrutins se sont, à les croire, globalement bien déroulés, "dans la transparence, le calme et l’intégrité".

En revanche, des colis contenant des bulletins sont arrivés non scellés dans des centres de ramassage. "À Antananarivo, à peu près un tiers des plis n’étaient pas scellés, a commenté, lundi sur RFI, Gino Razafindrabe, responsable de la communication au sein du Socle. Nos observateurs ont aussi pu constater que dans la région Diana [Nord], il n’y avait pas de matériel pour sceller les colis. Les fraudes sont possibles, et on traite ça encore jusqu’à maintenant." Des faits également constatés par la Cenit.

L’éventualité de fraudes n’a donc pas été écartée par la Cenit ni par le Socle. Dans ce contexte, les deux candidats s’accusent mutuellement de fraude massive. Tous deux se sont d’ailleurs proclamés vainqueurs avant même la publication des résultats. Juste après le second tour, Robinson Jean Louis avait appelé, en vain, à un arrêt de la publication des résultats. Le candidat adoubé par Marc Ravalomanana a d'ailleurs annoncé qu’il apporterait, en direct à la télévision lundi soir, les preuves des fraudes de son adversaire.