logo

Pour le procureur de la CPI, les violences au Soudan pourraient constituer des crimes de guerre
Face aux informations en provenance de la ville soudanaise d'El-Facher faisant état de massacres, de viols et d'autres crimes, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale a fait savoir lundi que les atrocités commises pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Des Soudanais ayant fui la ville d'El-Fasher se pressent pour recevoir de la nourriture dans le camp de Tawila, au Soudan, le 2 novembre 2025. © Mohammed Abaker, AP

Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a averti, lundi 3 novembre, que les atrocités commises dans la ville soudanaise d'El-Facher pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.

Il a exprimé sa "profonde inquiétude et sa très vive préoccupation" face aux informations en provenance d'El-Facher faisant état de massacres, de viols et d'autres crimes qui auraient été commis.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR) ont pris, le 26 octobre, El-Facher, dernier verrou stratégique qui échappait à leur contrôle au Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan.

Depuis, les informations et les témoignages se multiplient sur les exécutions, les pillages, les viols, les attaques contre des humanitaires dans et autour de cette ville du nord du Darfour.

"Ces atrocités s'inscrivent dans un contexte de violence plus large qui ravage toute la région du Darfour depuis avril 2023", a déclaré dans un communiqué le bureau du procureur de la CPI, qui siège à La Haye. "De tels actes, s'ils sont avérés, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité au sens du Statut de Rome", texte fondateur de la cour, a-t-il ajouté.

La famine s'étend à deux nouvelles régions

Selon un rapport mandaté par les Nations unies et publié lundi, la famine s'est par ailleurs étendue à deux nouvelles régions du Soudan, notamment à la ville d'El-Facher.

Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme mandaté par les Nations unies et basé à Rome, a déclaré que la famine avait été notamment confirmée dans la ville assiégée de Kadugli, dans l'État du Kordofan-Sud, et que vingt autres régions du Darfour et du Kordofan voisin étaient également menacées par la famine.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, qui contrôle le nord et l'est du pays, dont les villes de Port-Soudan et Khartoum, et les FSR de Mohamed Hamdane Daglo, désormais maître du Darfour.

Cette guerre fait craindre une nouvelle partition du pays, déjà amputé en 2011 par l'indépendance du Soudan du Sud, ainsi que des violences à caractère ethnique, comme dans le conflit au Darfour du début des années 2000.

Pour le procureur de la CPI, les violences au Soudan pourraient constituer des crimes de guerre

Les FSR sont issues des milices Janjawid, accusées par la CPI de génocide il y a 20 ans au Darfour.

Début octobre, la CPI a reconnu Ali Muhammad Ali Abd-al-Rahman, ancien membre des Janjawid, coupable de crimes contre l'humanité après avoir participé à de "multiples crimes de guerre" entre 2003 et 2004.

Ce verdict devrait servir d'avertissement : "Il y aura des comptes à rendre pour de tels crimes atroces", a affirmé le bureau du procureur lundi.

Avec AFP