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RD Congo : prise d'otages et tirs nourris à Kinshasa

Des tirs intenses ont éclaté lundi à l'aéroport et un campement militaire de Kinshasa, la capitale congolaise, selon des témoins, peu après la prise de contrôle de la télévision d'État par des hommes armés, qui détiennent des journalistes.

De nombreux coups de feu ont retenti lundi 30 décembre à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Dans la matinée, une prise d'otages était en cours au siège de la Radio-télévision nationale congolaise. Des journalistes sont retenus par des hommes armés notamment de machettes, selon la police, qui s'est déployée pour les déloger. Ils ont déjà été cernés", a déclaré à l'AFP le colonel Mwana Mputu, en charge de la communication des forces de l'ordre.

Quelques minutes après, des tirs intenses ont retenti à l'aéroport de Ndjili à Kinshasa, d'après un responsable des douanes cité par Reuters. "Ils ouvrent le feu partout", a dit le responsable. "Nous nous cachons tous." Des témoins font par ailleurs état de tirs du côté d'un camp militaire.

Kinshasa, fumée près du camp Tshatshi, Mont Ngaliema, où des tirs ont aussi été entendus il y a quelques instants pic.twitter.com/D0Nw55KudI

— Léon O. Engulu III (@Engulu3) 30 Décembre 2013

D’après un journaliste congolais interrogé sur FRANCE 24, Adam Shemisi, la situation demeurait assez confuse lundi en fin de matinée. "On ne sait pas si ces tirs (ceux de l’aéroport et du camp militaire) sont liés à l’attaque de la RTNC", indique-t-il. Il affirme par ailleurs avoir eu au téléphone le ministre de la Communication, Lambert Mende, qui lui a assuré que "le groupe a été neutralisé" et que "la situation s’est calmée" autour la RTNC. "Les militaires et la police patrouillent sur les grandes avenues pour tenter de déloger les assaillants", lui a encore dit le ministre, qui les qualifie de "terroristes".
 

Message anti-Kabila

Le signal de la RTNC a été coupé peu après la prise d'otages. Avant la coupure, les images montraient les deux jeunes présentateurs de l'émission en cours, "Le Panier". Ils étaient assis, effrayés mais calmes, avec derrière eux un jeune homme menaçant et transpirant. Avant l'arrêt des transmissions des chaînes publiques, deux hommes ont eu le temps de prononcer devant les caméras un message apparemment orienté contre le gouvernement du président Joseph Kabila, d'après Reuters."Gideon Mukungubila est venu vous libérer de l'esclavage des Rwandais", peut-on lire dans une retransmission du message. "Nous vérifions l'information, car c'est peut-être une tentative pour nous duper", a pour sa part réagi le ministre de la Communication Lambert Mende, cité par Reuters.

"Gideon Mukungubila est connu à Kinshasa comme un prophète de dieu qui a toujours condamné ou lancé des attaques verbales contre le pouvoir, explique Adam Shemisi. Il conteste tout ce que le pouvoir en place fait. On se demande comment il a pu mettre en place cette milice pour qu’elle arrive à prendre en otage des journalistes."

Il a été candidat à l'élection présidentielle en 2006, lors de laquelle Joseph Kabila a remporté un nouveau mandat. Le "prophète de l'Eternel", connu pour son hostilité envers l'accord de paix signé ce mois-ci avec les rebelles tutsis du M23 dans l'est de la RDC, accuse le gouvernement congolais d'avoir cédé devant les intérêts des Tutsis et les pressions du Rwanda voisin.

Voici deux vidéos de l'attaque à la télévision publique. Sur la seconde vidéo, un homme apparaît rapidement avec ce qui pourrait être une arme à 1’30.

Panique dans la ville

Entre 09h00 et 09h30 (08h30 GMT), une journaliste a entendu plusieurs tirs d'arme lourde. Un chauffeur de taxi de Kinshasa a pour sa part évoqué "plusieurs tirs d'arme lourde, six à sept tirs". Selon lui et un autre habitant, ces tirs étaient localisés vers le camp Tshatshi, à une dizaine de kilomètres de la RTNC et du Palais du peuple, siège du gouvernement congolais.

Dans la ville, la panique a saisi les habitants. "Il n'y a pas de circulation, plus de véhicules (...) C'est la panique dans la ville, les gens se demandent ce qui se passe", a déclaré à l'AFP un jeune homme dans la zone.

"Il y a des policiers, des militaires et des gardes républicains (chargés de la protection du président Joseph Kabila) un peu partout près de la RTNC et du Palais du peuple", juste à côté de la télévision publique, a-t-il ajouté.

Avec AFP et Reuters