Le secrétaire d'État américain John Kerry a déploré la décision du Caire de désigner les Frères musulmans comme une "organisation terroriste", traduisant le malaise de Washington face à la répression subie par la confrérie.
Alors que des heurts entre adversaires et partisans des Frères musulmans ont fait un mort au Caire, jeudi 26 décembre, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a déploré la décision du pouvoir égyptien de désigner la confrérie comme une "organisation terroriste".
Le secrétaire d'État a téléphoné à son homologue égyptien Nabil Fahmy pour lui exprimer "sa préoccupation quant à la désignation terroriste des Frères musulmans", a indiqué une porte-parole du département d'État.
John Kerry a également condamné "l'atroce attentat à la bombe terroriste", dans lequel 15 personnes ont trouvé la mort mardi à Mansoura, au nord, à la suite duquel le Caire a décidé de qualifier officiellement les Frères musulmans d'organisation terroriste. Ces derniers avaient pourtant démenti toute implication et condamné cet attentat, revendiqué par un mouvement djihadiste distinct, Ansar Beit al-Maqdess.
Depuis la destitution, en juillet, du président Mohamed Morsi, lui-même issu de cette confrérie, les autorités accusent régulièrement le mouvement islamiste d'aider et de financer les attentats contre les forces de l'ordre, sans toutefois en apporter la preuve.
Al-Sissi veut "éliminer les terroristes"
La veille, un attentat à la bombe avait fait cinq blessés légers dans un bus dans le quartier de Nasr City, au nord du Caire. Cet attentat est le premier du genre à viser des civils depuis la destitution par l'armée du président Morsi.
Le nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée, ministre de la Défense et vice-Premier ministre, a réagi en promettant d'"éliminer" les terroristes et de faire revenir la "stabilité". "Pas d'inquiétude ni de peur, nous nous sacrifierons pour vous, l'armée se sacrifiera pour l'Égypte et les Égyptiens et celui qui vous touchera, nous l'éliminerons", a déclaré le général al-Sissi lors d'une cérémonie militaire, d'après un communiqué de ses services.
Signe de la tension qui règne actuellement dans le pays, un étudiant de la prestigieuse université al-Azhar qui participait à une manifestation des Frères musulmans, interdite par les autorités, a été tué dans la soirée au cours "d'échanges de tirs de grenaille" avec des habitants du quartier de Nasr City, au Caire, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
À la télévision publique, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Hany Abdel Latif, a prévenu que quiconque participerait à des manifestations à l'appel de la confrérie serait passible d'une peine de cinq ans d’emprisonnement. "Ceux qui dirigent cette organisation pourraient être condamnés à mort", a-t-il ajouté.
Avec AFP et Reuters