Le candidat du pouvoir, Hery Rajaonarimampianina, est crédité de 53,6 % des voix selon les premiers résultats de la présidentielle malgache. Son adversaire, Robinson Jean Louis, crie à la fraude, mais pas les observateurs internationaux.
Alors que seulement 15 % des bulletins de vote ont été dépouillés à Madagascar, le candidat du pouvoir, Hery Rajaonarimampianina, a déclaré dimanche 22 décembre qu’il était sûr de sa victoire à l’élection présidentielle. "Les chiffres le disent, c'est moi, il n'y a pas d'ambiguïté, j'ai gagné ! C'est vrai, ce n'est pas officiel, je parle de tendances, et sur la base de ces tendances, j'ai gagné", a-t-il annoncé à l'AFP, alors que les résultats partiels le créditent de 53,6 % des voix. "D'après mes estimations, je devrais avoir encore plus que ça", a-t-il renchéri, tandis que sa porte-parole Rinah Rakotomanga évaluait son score entre 60 et 65 % des voix.
Une victoire disputée par l’autre candidat, Robinson Jean Louis, dont l’équipe de campagne estime le score à 65 % après avoir, selon elle, comptabilisé 80 % des résultats. Le candidat de l’ancien président Marc Ravalomanana a de plus dénoncé des "fraudes massives". "Je suis désolé de le dire, mais c'est l'argument des mauvais perdants", a répondu Hery, disant avoir lui aussi "des preuves" de bourrages d’urnes du camp adverse. Selon l’Union européenne, le taux de participation devrait s’élever à 48 %.
Les observateurs internationaux satisfaits
Les observateurs internationaux sont pourtant plutôt satisfaits de ce scrutin, et n'ont pas confirmé à ce stade les accusations de fraudes lancées par les deux candidats. "D'après les paramètres et la méthodologie de l'Union européenne, le processus électoral a été jusqu'à présent crédible, libre et transparent", a ainsi affirmé la chef de la mission des observateurs de l'Union européenne, Maria Muniz de Urquiza. "J'espère que la suite le sera aussi", a-t-elle aussitôt ajouté, rappelant que "le processus n'est pas fini : on doit attendre la fin du comptage des voix et la remontée des résultats", dont la proclamation est attendue début janvier.
"Je ne peux pas me prononcer sur ce que nous n'avons pas observé", a noté Mme Muniz de Urquiza, à propos des accusations de fraude. Et d'ajouter, tout comme les représentants des autres missions d'observateurs : "Nous appelons les candidats à suivre les voies légales le cas échéant." "Dans l'attente de la proclamation des résultats officiels, j'appelle les parties prenantes au processus à la retenue et au respect des procédures en cours", a-t-elle insisté.
Une bataille par candidats interposés
L'élection s'est "déroulée dans des conditions qui ont permis aux électeurs de choisir librement leurs dirigeants", avait déclaré quelques heures plus tôt l'ancien président mauricien Cassam Uteem, qui dirige la mission d'observation de l'Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA), basé à Johannesburg. "Nous n'avons aucune raison de croire qu'il y a eu des fraudes", a-t-il ajouté, admettant tout de même qu'"il y a eu quelques petites irrégularités, qui existent partout ailleurs".
Ni l'ancien président Marc Ravalomanana, exilé depuis plus de quatre ans en Afrique du Sud, ni Andry Rajoelina, l'homme qui l'a renversé en 2009, n'ont pu se présenter à cette présidentielle, la communauté internationale craignant des troubles. Les deux hommes s'affrontaient donc par candidats interposés, Jean Louis pour le premier, Hery pour le second. Ce scrutin est considéré comme l'indispensable premier pas qui permettra de sortir de la grave crise politique, économique et sociale dans laquelle Madagascar est plongée depuis près de cinq ans.
Avec dépêche AFP