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L'ONU et les États-Unis appellent au dialogue au Soudan du Sud

Alors que les combats meurtriers continuent entre l'armée du Soudan du Sud et les partisans de l'ancien vice-président Machar, l'ONU et Washington appellent au dialogue, les États-Unis ont dépêché sur place leur envoyé spécial pour la région.

Face à la vague de violences interethniques au Soudan du Sud, alimentées par les rivalités entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, le Conseil de sécurité de l’ONU a lancé vendredi, dans une déclaration unanime mais non contraignante,  " un appel à la cessation des hostilités et à l'ouverture immédiate d'un dialogue".
Le secrétaire d'État américain John Kerry a annoncé de son côté  le départ immédiat de son envoyé spécial pour la région, l'ambassadeur Donald Booth, pour favoriser le dialogue entre les factions rivales.  "Il est temps pour les dirigeants du Soudan du Sud de maîtriser les groupes armés sous leur contrôle, de cesser immédiatement les attaques contre les civils et de mettre un terme à l'engrenage de la violence entre différents groupes ethniques et politiques", a indiqué John Kerry.
Washington avait largement soutenu la lutte sud-soudanaise pour l'indépendance, obtenue en 2011 après des décennies de guerre contre Khartoum qui ont fait deux millions de morts. "Les Américains ont joué un rôle très important dans la création de ce 193e état des Nations unies et on espère qu’ils pourront, autant que possible, remettre le calme dans le pays", explique Emmanuel Saint-Martin, correspondant de FRANCE24 à New York.
Samedi matin, le président sud soudanais s'est dit prêt à dialoguer avec son rival "sans conditions" préalables : "Nous sommes prêts à dialoguer avec tout rebelle dont Riek Machar, sans conditions", a déclaré le gouvernement sur son compte twitter. Riek Machar n'a pas répondu. 
L'Ouganda voisin a envoyé des soldats à Juba
À éviter à tout prix : une répétition de l'attaque de jeudi à Aboko, où 2 000 jeunes de l'ethnie Nuer, à laquelle appartient Riek  Machar, avaient envahi la base de l'ONU, tuant au moins 11 civils de l'ethnie Dinka, celle du président Kiir, et deux Casques bleus indiens, selon la Minuss. L'ONU a envoyé vendredi quatre hélicoptères évacuer son personnel d'Akobo et "d’autres bases sont toujours en cours d’évacuation", précisait Emmanuel Saint-Martin dans la nuit de vendredi à samedi.
L'Ouganda voisin a envoyé des soldats à Juba à la demande du Soudan du Sud, a rapporté vendredi le quotidien gouvernemental ougandais New Vision, précisant qu'un premier détachement de forces spéciales ougandaises avait contribué à sécuriser l'aéroport et évacuer des ressortissants ougandais.
Les ministres des Affaires étrangères de Djibouti, d'Éthiopie, du Kenya, d'Ouganda et du Soudan ont mené, vendredi à Juba, des démarches de paix dans le cadre de l'Autorité intergouvernementale sur le développement (Igad).
Dissensions politiques et ressentiments ethniques
Aux graves dissensions politiques issues de la rébellion sudiste s'ajoutent de profonds ressentiments entre ethnies remontant aux années de guerre civile.  En 1991, la défection de Riek Machar de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) avait fracturé sur des lignes ethniques la rébellion sudiste historique, dont Salva Kiir était un des responsables. Les troupes Nuer de Machar avaient massacré à Bor près de 2 000 civils Dinkas.
Un scénario que le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, craint de voir se reproduire. Elle a estimé "extrêmement élevé" le risque de conflit ethnique et Human Rights Watch a accusé les belligérants d'avoir commis des meurtres sur des critères ethniques, à Juba et à Bor.

Avec AFP