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Au Soudan du Sud, une lutte pour le pouvoir semble engagée entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Le pays est "au bord du précipice" de la guerre civile, juge le président américain Barack Obama.

La guerre menace à nouveau au Soudan du Sud. Le plus jeune État du monde, né en juillet 2011, est "au bord du précipice" de la guerre civile, a estimé jeudi 19 décembre le président américain Barack Obama alors que trois Casques bleus indiens ont été tués dans l'attaque d'une base de l'ONU à Akobo, dans l'État de Jonglei (est du pays).

Barack Obama, qui avait soutenu la création du Soudan du Sud, s’est montré très inquiet : "Les récents combats menacent de faire plonger à nouveau le Soudan du Sud dans ses jours les plus noirs du passé". Il appelle à la fin immédiate des "combats pour régler des comptes politiques et pour déstabiliser le gouvernement".

Risque de conflit ethnique

Le scénario d'une guerre civile "apparaît désormais terriblement possible", a confirmé l'International Crisis Group (ICG), s'inquiétant de l'extension des violences à des régions déjà en proie à de vives tensions ethniques. Human Rights Watch a également accusé les belligérants d'avoir commis des meurtres sur des bases ethniques, à Juba et à Bor. Pour Navi Pillay, haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, le risque de conflit ethnique est en effet "extrêmement élevé". Elle s’est dit "profondément inquiète pour la sécurité des civils".

Jeudi, l'ancien vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar, a appelé l'armée et le parti au pouvoir, le SPLM, à "renverser [le président] Salva Kiir". L’actuel chef de l’État l’accuse d'avoir déclenché les violences par une tentative de coup d'État. "S'il veut négocier les conditions de son départ du pouvoir, nous sommes d'accord. Mais il doit partir", a déclaré Riek Machar sur l'antenne de RFI, accusant Salva Kiir de tenter "d'allumer une guerre ethnique". Le président Kiir s'était pourtant dit prêt mercredi à discuter avec son rival, officiellement en fuite. Pour tenter d'ouvrir un dialogue, l'Union africaine a envoyé jeudi à Juba une mission de paix composée de plusieurs ministres est-africains.

À Juba, la sécurité était rétablie jeudi mais de nombreux habitants prenaient d'assaut les bus pour gagner leurs villages ou l'Ouganda voisin. La Mission de l'ONU au Soudan du Sud accueille déjà plusieurs dizaines de milliers de personnes dans plusieurs de ses bases à travers le pays, dont près de 20 000 dans ses deux bases de la capitale sud-soudanaise.

Avec AFP