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De la volaille bretonne dans les valises de François Hollande au Brésil

À l’occasion de la visite de François Hollande au Brésil, les volaillers bretons Doux et Tilly-Sabco espèrent que le président français plaidera leur cause, à l’heure où les producteurs brésiliens vampirisent de plus en plus le marché.

Deux jours pour renforcer des liens économiques déjà solides. En visite d’État au Brésil les 12 et 13 décembre, François Hollande veut principalement parler affaires. D’un côté, d’importants contrats seront signés avec Total, Thalès, Ariaespace ou encore Areva. De l’autre, les discussions devraient se poursuivre sur le dossier Rafale, un vieux serpent de mer avec à la clé un contrat portant sur 36 avions de chasse pour un montant de plus de cinq milliards de dollars.

Mais un sujet pour le moins inattendu pourrait également s’inviter à la table des discussions économiques : le poulet. Depuis dix ans, les deux volaillers bretons Doux et Tilly-Sabco perdent de plus en plus de parts de marché au profit du leader des exportations mondiales de volaille : le Brésil. Le pays est égalemenent le troisième plus gros producteur mondial. L’enjeu de ce marché est d’autant plus important que la volaille, dont le commerce est florissant, demeure la viande la plus consommée au monde.

L’Europe lâche la filière, le Brésil la soutient

Le succès brésilien repose sur un modèle imbattable qui fait très peu appel à l’argent public. Peu de subventions, donc, mais un soutien indéfectible des banques qui détiennent des parts dans les abattoirs et ont pour obligation d’accorder des crédits à taux préférentiels, explique une source de l'AFP. Et quand les cours de l’alimentation animale flambent, les dettes des entreprises du secteur sont tout bonnement annulées par les banques. À ce cadre favorable, s’ajoute la baisse conséquente du real ces derniers mois.

Dans un tel contexte, difficile pour les Bretons de rester compétitifs. Même si Doux occupe la place de premier producteur européen de volailles, les obstacles se multiplient. Dernier en date : l’arrêt des aides à l’export décidé par Bruxelles depuis juillet dernier. D’un montant de 55 millions d’euros annuels, cette subvention permettait de soutenir la filière en absorbant notamment le coût du travail élevé et celui des normes sanitaires à respecter.

Pour renverser la vapeur, Tilly-Sabco tente un rapprochement avec Doux afin de faire bloc sur le marché. Mais ce dernier, qui sort tout juste d’une phase de redressement judiciaire, n’a pas répondu aux sollicitations. L’entreprise semble plutôt faire cavalier seul, notamment en ayant acté l'entrée au capital de son principal client, le saoudien Almunajem. De quoi lui assurer malgré tout ses débouchés, l'Arabie saoudite étant le principal pays client des poulets français (40,8 % des exportations en 2011 selon FranceAgrimer), devant le Yémen (10,4 %), la Russie (6,6 %) ou le Bénin (6,6 %).

LES RELATIONS ÉCONOMIQUES FRANCO-BRÉSILIENNES EN QUELQUES CHIFFRES
  • La France est le cinquième investisseur étranger (en stock) au Brésil
  • Le Brésil est la septième économie mondiale et compte 200 millions d'habitants
  • Quelque 500 à 600 entreprises françaises sont implantées au Brésil
  • En dix ans, la production brésilienne de poulet a augmenté de 125 %. Elle représente 48,3 milliards de reais (15,2 milliards d’euros).

Avec dépêches AFP