logo

L'académicien et ancien ministre Maurice Druon est mort

L'ancien ministre des Affaires culturelles, Maurice Druon, est décédé, mardi soir, à l'âge de 90 ans. Cet académicien avait notamment signé la saga historique "Les Rois maudits" et co-écrit les paroles du "Chant des partisans".

AFP - Gaulliste de la première heure, prix Goncourt en 1948 pour "Les grandes familles", Maurice Druon, qui est décédé mardi à Paris à quelques jours de ses 91 ans, s'était fait un sacerdoce de la défense de la langue française, dont il souhaitait conserver l'orthodoxie.

Maurice Druon, qui fut ministre des Affaires culturelles, député et député européen, était l'auteur avec son oncle Joseph Kessel du "Chant des partisans", devenu l'hymne des maquisards aux heures sombres de l'Occupation allemande.


Hanté par le concept du déclin, il s'était insurgé maintes fois contre celui de la langue française, du gaullisme ou, selon lui, de la République.

L'un de ses derniers combats avait porté sur la féminisation des noms de métiers et fonctions dans l'Education nationale, proposée par le gouvernement de Lionel Jospin. Sur la féminisation, "tout le monde se couche, la droite se couche mais les académiciens ne se coucheront pas", avait-il alors déclaré.

Pour Maurice Druon, la langue était une affaire d'Etat : lorsqu'il la jugeait attaquée, il rappelait un acte de 1752 de Louis XV, selon lequel les "règlements successivement faits" par l'Académie avaient été confirmés afin de "leur donner force de loi".

Né le 23 avril 1918 à Paris, Maurice Druon suit les cours de l'Ecole libre des sciences politiques lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale. Elève officier de cavalerie à Saumur, il s'évade en 1942 et rejoint Londres.

Correspondant de guerre, il se consacre à la littérature dès la Libération, évoquant son expérience de combattant dans son premier roman, "La Dernière brigade" (1946). Son oeuvre est ensuite essentiellement marquée par la trilogie "La Fin des hommes" ("Les Grandes Familles" (1948), "La Chute des corps" (1950), "Rendez-vous aux enfers" (1951)), et la monumentale fresque historique "Les Rois maudits", évocation en sept volumes des derniers Capétiens, dont il dépeint la décadence.

Passionné d'histoire, attiré par le tragique, Druon se veut romanesque, violent, passionnel. Elu en 1966 à l'Académie française au fauteuil de Georges Duhamel, il en devient le benjamin et y retrouve son oncle Kessel.

Sa carrière prend en 1973 une tournure politique, lorsqu'il est nommé ministre des Affaires culturelles. Celui qui, quelques années plus tôt, a vilipendé les insurgés de Mai 68, annonce qu'il ne subventionnera pas ceux qui "viendront au ministère avec une sébile dans la main et dans l'autre un cocktail Molotov". Au cours de son passage aux Affaires culturelles (1973-74), il crée notamment le Centre national des Lettres.

En 1977, Maurice Druon entre au comité central du RPR, fondé par Jacques Chirac, et sera membre de son conseil politique de 1979 à 1980. Député de Paris de mars 1978 à juin 1981, il est élu à l'Assemblée des communautés européennes en juin 1979, mais démissionne un an plus tard.

Refusant de "juger avec nos yeux instruits d'aujourd'hui" plutôt qu'avec nos "yeux aveugles d'hier", il avait pris la défense de l'ancien préfet de Vichy Maurice Papon lors de son procès à Bordeaux, en 1998.

En juin de la même année, il avait demandé au RPR se cesser de se revendiquer comme gaulliste. Qualifiant Jacques Chirac de "passager" hissé "à l'étage élyséen" par l'ascenseur du parti, il ironisait sur les conflits entre ses successeurs potentiels.

Elu secrétaire perpétuel de l'Académie française en 1985, il avait démissionné de la fonction en octobre 1999 pour se consacrer à l'écriture.

Maurice Druon, qui savait aussi reconnaître les cultures modernes, avait affirmé que le chanteur de rap français MC Solaar "restaurait la poésie". Il avait installé un site Internet à l'Académie : "la vieille dame du quai Conti, retroussant ses jupes, saute à pieds-joints dans le grand système de communication qui entoure la terre", s'était-il alors félicité.