Matteo Renzi, 38 ans, est le nouveau chef du Parti démocrate italien. Ce tribun au style décontracté souhaite "dépoussiérer" son parti. Son ascension politique pourrait le mener jusqu’au siège de président du Conseil.
Matteo Renzi est le nouveau leader de la gauche en Italie. Dimanche 8 décembre, ce brillant orateur de 38 ans a largement remporté la primaire pour diriger le Parti démocrate (PD) avec 68 % des voix. À l’issue d’un scrutin qui a rassemblé 1,5 million d'électeurs selon des résultats provisoires, il devance l’ancien communiste Gianni Cuperlo et le député de Lombardie Pippo Civati. Encore peu connu il y a un an, le successeur de Pierluigi Bersani compte bien s’imposer dans le paysage politique italien.
Cet amateur de marathon et de promenade à bicyclette a commencé à militer à l’âge de 19 ans au sein de la Margherita, parti chrétien-démocrate. Diplômé en droit, il a mené son premier grand combat politique à Florence, dont il a été élu maire en 2009.
Avec son physique de gendre idéal et son style décontracté - il se promène manches de chemises retroussées comme Barack Obama et ose la veste en cuir -, ce grand brun à l’accent toscan séduit les électeurs. Très présent dans les médias, il est même devenu le deuxième dirigeant politique auquel les Italiens font le plus confiance, derrière le président Giorgio Napolitano, d’après un sondage de l'institut iXè de Trieste.
Son modèle : Tony Blair
Son principal atout, fait-il savoir, est de ne pas être un membre de l’appareil du PD, une formation créée il y a six ans avec l’union des anciens communistes et des démocrates-chrétiens de centre-gauche. Certains le comparent volontiers au Britannique Tony Blair, qui a refondé le Parti travailliste en "New Labour" à la fin des années 1990.
Son style direct et pugnace lui vaut le surnom de "Rottamatore" ("le démolisseur"). Son objectif : "dépoussiérer" son parti. "C'est la fin d'un groupe de dirigeants, pas de la gauche, a-t-il annoncé à ses partisans réunis à Florence, après avoir promis d'unifier le parti. Maintenant, c'est le tour d'une nouvelle génération, mes amis. C'est à notre tour de tenir le volant." Son programme politique est quant à lui encore flou. Se tenant à distance du milieu syndical, il prône une baisse des impôts, une réforme du système électoral et une refonte du code du travail.
Si la vieille garde de la gauche se méfie de ses idées et de son ton jugé populiste, Matteo Renzi pourrait bien séduire les électeurs du centre-droit. Une capacité de rassemblement qui en effraie certains. À l’heure où le gouvernement d’union nationale d’Enrico Letta - lui aussi issu du PD - est fragilisé par le départ des partisans de Silvio Berlusconi, le nouveau dirigeant du Parti démocrate pourrait bien faire de l’ombre au Premier ministre. C’est notamment ce que pense le Cavaliere, qui rêve de l’organisation de nouvelles élections législatives.
Mais selon ses proches, Matteo Renzi ne cherche pas à siéger au gouvernement - pour le moment. "Avec le nouveau secrétaire, Matteo Renzi, nous allons travailler avec un esprit d'équipe qui sera productif pour le pays et pour le centre-gauche", a d’ailleurs déclaré Enrico Letta à l’issue du scrutin. Selon les observateurs, Matteo Renzi préfère peser de l’extérieur sur la ligne politique de Letta, tout en se préparant aux prochaines élections, avec, à la clé, le poste de président du Conseil.