De JPMorgan à Goldman Sachs, il a coiffé au poteau les plus grandes institutions financières. Christophe Barraud a été élu, fin novembre, meilleur prévisionniste de l'année pour l’économie américaine par le magazine "Bloomberg Markets".
Il n’a jamais foulé le pays de l’oncle Sam et pourtant, il prédit l’avenir de l’économie américaine mieux que personne. À seulement 27 ans, Christophe Barraud vient d’être sacré meilleur prévisionniste de la première puissance mondiale par le magazine "Bloomberg Markets". Taux de croissance, PIB, chômage, exportations, marché de l’immobilier… les estimations de ce jeune économiste français ont été d’une infime justesse au cours des 15 derniers mois, si bien qu’il devance une centaine d'autres économistes.
“Je suis très content. Non seulement c’est positif pour la société qui m’emploie [Market Securities, ndlr], mais en plus, c’est une véritable satisfaction personnelle, une reconnaissance du travail fourni”, explique-t-il à FRANCE 24 sur un ton enjoué. Son sacre ne devrait pas, pour autant, révolutionner son quotidien même si “demander une augmentation sera désormais plus facile”, plaisante-t-il.
Entre optimiste et pessimisme, la difficulté d’être neutre
Pour viser aussi juste, Christophe Barraud s’astreint à une rude objectivité, en évitant d’une part de succomber à la sinistrose environnante, et d’autre part de fermer les yeux sur la conjoncture actuelle. “J’essaie de parler avec tous les gens qui m’entourent afin de dégager une vision neutre. De l’économiste au chef d’entreprise, en passant par l’épicier du quartier… Tous ont une perception de l’économie qui leur est propre”, explique-t-il.
Pour le reste, “il n’y a pas de miracle ou de secret particulier. Je travaille sept jours sur sept”, assure Christophe Barraud. Sa méthodologie repose sur de la veille quotidienne et beaucoup de rigueur : “Je me tiens à jour grâce à des fils d’information spécialisés et je suis l’actualité de près, car une simple grève peut rapidement impacter le marché de l’emploi, le lancement d’un nouvel iPhone va secouer les chiffres de la vente au détail, et un ouragan peut bouleverser le budget et l’économie d’un pays à tout moment”, cite-t-il à titre d’exemple.
Ses bons réflexes, Christophe Barraud les a naturellement acquis durant ses études. “J’ai eu la chance de tomber en plein dans la crise des ‘subprimes’, un parfait cas d’école qui m’a amené à me spécialiser sur la zone États-Unis”, se souvient-il. Mais sa grande force demeure probablement sa passion du métier, passion qui remonte à son enfance aux côtés d’un père féru de paris sportifs...
3 % de croissance aux États-Unis, 0,8 % en France
Pour 2014, Christophe Barraud prévoit une croissance américaine à 3 % contre 1,7 cette année, notamment grâce “à une baisse du chômage, la rétractation du déficit public et l’allègement de la pression fiscale”, souligne-t-il. En France, on peut espérer 0,8 % de croissance “grâce à notre économie portée par le secteur de l’aéronautique et une consommation domestique qui se stabilise, contrairement à ce que l’on imagine.” Une prévision légèrement au-dessus de celle qu’il fournit pour la zone euro (0,7 %), particulièrement ardue à deviner, selon le jeune Français : “Beaucoup de facteurs entrent en jeu pour la zone euro : la politique monétaire de la Banque centrale, les risques de crise de confiance dans les pays comme la France ou l'Italie et les élections européennes au printemps prochain.”
Quant aux prévisions d’ordre personnel, Christophe Barraud veut étendre son champ d’action et se verrait bien prochainement voler la vedette au Britannique de chez JPMorgan, élu meilleur prévisionniste de la zone euro. En attendant, il envisage, “pourquoi pas” d’écrire un livre sur la France avec pour ambition de “changer les choses”.