Un charnier de 21 corps a été retrouvé dans la commune de Diago, au Mali, tout près de l’ex-QG du général Sanogo, arrêté il y a une semaine pour "tentative d'enlèvement". Cette découverte pourrait accélérer la procédure en cours contre ce dernier.
Une macabre découverte au Mali, dans la nuit du 3 au 4 décembre, pourrait accélérer la procédure en cours contre le général Sanogo, arrêté le 27 novembre pour "complicité d'enlèvement". Un charnier de 21 corps, sans doute des "bérets rouges", ces militaires proches du président Amadou Toumani Touré renversé en mars 2012, a été découvert dans la commune de Diago, près de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako.
Les corps ont été exhumés vers trois heures du matin, indique le correspondant de FRANCE 24 au Mali, Serge Daniel, qui précise que des responsables judiciaires, des techniciens de la police criminelle et des agents de la mairie de Diago se trouvent sur place.
Une source sécuritaire malienne a indiqué "que des cartes d'identité retrouvées dans la fosse commune semblent confirmer qu'il s'agit de militaires ‘bérets rouges’ disparus". Mais la prudence reste de mise. "La justice a dit que, pour l’instant, rien ne prouve formellement qu’il s’agit de ‘bérets rouges’", tempère ainsi Serge Daniel.
Une découverte qui pourrait accélérer la procédure contre Sanogo
Cette découverte intervient une semaine après l'arrestation d'
Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d'État du 22 mars 2012 contre le président Touré. Son inculpation le 27 novembre a été suivie de celle d'une quinzaine de ses proches, essentiellement des militaires.
Au nombre des charges qui pèsent contre Sanogo : la disparition d’une vingtaine de ‘bérets rouges’ qui avaient participé, le 30 avril 2012, à une tentative de contre-coup d’État. La plupart des disparus faisaient partie d’une unité d’élite de commandos parachutistes. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés. "Leurs familles craignent qu’ils ne soient morts", indique Serge Daniel.
Selon
Human Rights Watch (HRW), les 20 militaires disparus ont été aperçus vivants pour la dernière fois le 2 mai 2012 au camp militaire de Kati, fief d’Amadou Haya Sanogo et de ses troupes, dites "bérets verts". C’est d’ailleurs grâce aux témoignages de "bérets verts", arrêtés en même temps que Sanogo, que la découverte du charnier a été possible. De sources judiciaires et sécuritaires, plusieurs ont avoué avoir participé aux exécutions et ont donné aux enquêteurs les indications qui leur ont permis de localiser le charnier.
Selon la justice malienne, Sanogo est "pour l'instant " inculpé de "complicité d'enlèvement de personnes". Un "pour l'instant" qui en dit long. La découverte du charnier pourrait rapidement faire évoluer la procédure qui pèse contre lui : il pourrait désormais être accusé de meurtres, complicité de meurtres et violences. D'autant que Sanogo et ses hommes sont soupçonnés d'autres exactions.
Tortures, meurtres et enlèvements en série
Dans les mois qui ont suivi le coup d'État du 22 mars, le camp de Kati - tout proche de la commune de Diago où le charnier a été retrouvé - a été le lieu de nombreuses violences commises contre des militaires considérés comme fidèles au président renversé, contre des hommes politiques, des journalistes et des membres de la société civile.
HRW, qui a interrogé des dizaines de témoins, fait état de tortures et autres violences commises par des membres des services de sécurité pro-Sanogo pendant plusieurs semaines en mai 2012. "Des victimes ont affirmé avoir été menottées et ligotées, frappées à coup de matraques, de bâtons et de crosses de fusil, et rouées de coups de pied dans le dos, à la tête, dans les côtes, dans les parties génitales et ailleurs. D’autres ont dit avoir reçu des coups de couteau aux extrémités et des brûlures de cigarette et de briquet sur le dos, les mains, les bras et les oreilles", peut-on lire dans le
communiqué de HRW.
Plus récemment, une série de meurtres et d’enlèvements, qui auraient été commis entre le 30 septembre et le 3 octobre 2013, à Bamako et dans ses environs, par des membres de services de sécurité restés fidèles au général Sanogo, ont été signalés, indique toujours HRW qui alerte de la disparition d'au moins sept militaires. Les autorités maliennes ont ouvert des enquêtes.