Les manifestants réclamant la chute de la Première ministre thaïlandaise sont entrés massivement mardi au siège du gouvernement. Ils n'ont pas rencontré de résistance, la police ayant quitté les lieux pour éviter de nouveaux affrontements.
Ils y sont parvenus. Plusieurs centaines de manifestants qui réclament depuis près d'un mois la chute de la Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra sont entrés mardi 3 décembre en masse dans le complexe qui abrite le siège du gouvernement à Bangkok. Ils n'ont pas rencontré de résistance, selon des journalistes de l'AFP présents sur place.
Certains d'entre eux ont même conduit un camion dans l'enceinte, où régnait une atmosphère de carnaval après que la police a quitté les lieux pour éviter de nouveaux affrontements, à la suite de deux journées sous haute tension.
Abandon de poste
Un peu plus tôt, la police avait autorisé plusieurs milliers de protestataires à s'approcher du siège du gouvernement qu'ils protégeaient jusque-là derrière des barricades en béton.
Les policiers se sont assis et ont laissé les manifestants franchir les barricades en direction de la rue passant devant le siège du gouvernement, fermée jusqu'ici, séparée du bâtiment officiel par une simple grille, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Au siège du gouvernement, des policiers couraient avec leurs bagages à la main vers des véhicules destinés à leur évacuation, après ce siège de plusieurs jours.
Les mêmes scènes d'abandon de poste ont été constatées au siège de la police métropolitaine de Bangkok, située dans le même quartier, autre cible que s'étaient fixés les manifestants mardi. Des protestataires ont été vus en train de serrer la main des policiers. Quelques dizaines d'entre eux sont entrés dans l'enceinte du complexe.
Le chef de la police métropolitaine, le lieutenant général Kamronwit Thoopkrajang, conspué par la foule jusqu'ici en raison de sa proximité avec Thaksin, avait affirmé un peu plus tôt dans la matinée que ses troupes n'empêcheraient pas les manifestants d'entrer car le quartier général "appartient au peuple".
La Première ministre réitère son offre de négociation
Lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision, le centre de crise a tenté de justifier le départ de la police. "Afin de réduire la tension entre les manifestants et la police, les barrières ont été ouvertes afin de laisser les manifestants entrer dans l'enceinte", a déclaré le lieutenant-colonel de la police, Krisana Pattanacharoen.
Au cœur de la colère des manifestants, alliance hétéroclite de bourgeois conservateurs proches du Parti démocrate, le principal parti d'opposition, et de groupuscules ultra-royalistes : une haine profonde de Thaksin Shinawatra, frère de la Première ministre. Ils accusent le milliardaire, renversé de son poste de chef du gouvernement par un coup d'État en 2006, d'être toujours le véritable décisionnaire de la politique du gouvernement depuis son exil à Dubaï.
Le mouvement de contestation a été provoqué par un projet de loi d'amnistie taillé sur mesure, selon l'opposition, pour permettre le retour de Thaksin, en exil pour échapper à une condamnation à la prison pour malversations financières. Malgré le rejet du texte par le Sénat, les manifestants n'ont pas désarmé. Dimanche, on comptait encore environ 70 000 manifestants à Bangkok.
De son côté, la Première ministre Yingluck Shinawatra a essayé de jouer l'apaisement et a réitiéré son offre de négociation, lors d'une conférence de presse télévisée organisée lundi. Elle a ainsi laissé la porte ouverte à une éventuelle dissolution du Parlement voire à son départ ultérieur. "Je ne m'accroche pas à ma position, une démission ou une dissolution du Parlement peuvent être envisagées si cela pouvait calmer les manifestants et restaurer le calme", a-t-elle dit, appelant pour la énième fois l'opposition à négocier.
Avec dépêches AFP